Xiang land

Wantianyaozuxiang, Hepingxiang, Pingyangxiang, Doulixiang, Yonglixiang… et quand ce n’est pas xiang, c’est jiang. Sanjiang, Congjiang, Rongjiang…

A défaut d’être un coin plein de xiang et de jiang, c’est aussi une belle région connue pour ses rizières en terrasse et l’éthnie Yao, dont les femmes ne se coupent jamais les cheveux. Ces dernières s’enroulent leur immense chevelure au dessus de la tête dans un bout de tissu et sont très promptes à défaire l’ensemble contre quelques piécettes. « Photo photo » scandent-elles à la vue du touriste. Le cheveux est un business qui leur rapporte sans doute plus que la culture du riz. Je me demande d’ailleurs si certaines ne porteraient pas de perruque, l’achat serait surement vite amorti. Je ne suis pas fan de ce rapport biaisé locaux – touristes et ne sortirait donc pas le sous, tant pis pour la photo. D’un autre côté lorsqu’on fait du tourisme en Chine il faut vite se rendre à l’évidence qu’il ne reste pas grand chose d’authentique. Le Palais d’Été a été reconstruit deux fois ainsi que la plupart des temples avec d’authentiques poutres en béton du siècle dernier. Les restaurateurs d’oeuvre d’art s’arracheraient les cheveux ici, la politique étant « on rase tout et on reconstruit à l’identique ».

 

Si la route que nous avons emprunté serpente au milieu de rizières, il y a toutefois un endroit plus spectaculaire (et onéreux) à noter : Ping’an. Il s’agit d’un village perché en haut d’une montagne, accessible après 6km de douloureuse montée, et se termine par des escaliers escarpés, le paradis du vélo. Les habitants dorment sans doute dans les cultures étant donné que les bâtiments ne sont que hôtels, auberges et restaurants. D’en haut, on surplombe les rizières en terrasse, ces dernières portant tous un nom idyllique (« 9 dragons », etc etc), et des chemins de randonnée permettent de s’y balader ainsi que de rallier les villages voisins. Nous n’avons pas eu de chance, le ciel était gris, le riz coupé et les plateaux n’étaient pas gorgés d’eau. Surement les pires conditions pour apprécier le site, malgré quoi le paysage reste d’une incroyable beauté.

Nous passons la nuit dans une auberge pour redescendre le lendemain. 6 km de descente gravis la veille dans la douleur, redescendus les deux mains crispés sur les freins en quelques minutes !

Aucun risque de se perdre pour les jours suivants, la route suit tout simplement une grosse rivière. On traverse beaucoup de petits villages où parfois un magasin high-tech côtoie des joueurs de mah-jong et une vieille femme en train de promener des chèvres. Les habitants utilisent de longues barques effilées très rudimentaires pour traverser la rivière et commercer avec le village d’en face. Le moteur parait si faible que la barque semble ne pas pouvoir résister au courant. Ce n’est qu’après un long virage et quelques dizaines de mètres de perdus que l’embarcation atteint finalement sa destination.

La météo se dégrade en même temps que l’état des routes. Nous nous retrouvons au bout de quelques jours sur des sections boueuses et caillouteuses. La dernière journée en direction de Rongjiang est un cauchemar. La carte routière est encore fausse (découvrir qu’il va falloir faire 20km de plus sur ce qui était prévu et finir de nuit est toujours un grand moment de bonheur) et la route est plus défoncée que jamais, pleine de flaques boueuses. Nous arrivons finalement à Rongjiang de nuit, nous nous lavons sommairement avec le reste de notre eau afin de ne pas effrayer les hôtels et partons à la recherche de deux bons lits. Le premier hôtel « meyo » (non). Second idem, troisième pareil… dixième, la même ! On enchaîne tous les hôtels d’une rue pour entendre invariablement la même réponse. Greg explique la situation à un flic. Ce dernier monte dans une camionette avec deux filles (civiles, on a pas compris) et nous demande de le suivre. Il nous fait pédaler jusqu’à des hôtels que nous avons déjà testé et négocie à son tour sans plus de succès. En effet en Chine une loi remarquable précise qu’un hôtel a besoin d’une autorisation pour héberger des étrangers.

Enfin bref, on aura quand même dormi dans une piaule ce soir là et nous nous sommes vite barrés en bus le lendemain matin !