Parlons peu parlons caca

Il y a deux jours j’ai rencontré Johnathan dans le bus de Bangkok à Poipet (la frontière Cambodgienne), un irlandais venu rencontrer un ami vivant depuis 10 ans à Siem Reap et qui vient d’ouvrir un restaurant. Ni l’un ni l’autre ne sent le caca… on y vient.

Deux jours plus tard, ce soir donc, je me retrouve dans une superette à côté d’un autre occidental, Micha, et on commence à papoter moto. On finit par boire une bière au bord d’un cours d’eau, bavardant Cambodge et voyage. J’apprends qu’il est chef dans un nouveau restaurant, et lorsqu’il me montre sa carte je comprends qu’il s’agit du même que deux jours auparavant. Le monde est petit, le hollandais en question est son frère,  patron du bouiboui.

C’est alors que, m’interrogeant sur mon périple, le type me pose une question plutôt inattendue : « What is the worst toilet you took a shit in your travel ? ». Question farfelue mais plutôt pertinente. C’est un sujet qui peut être plutôt préoccupant lors d’un long voyage. On parle toujours de paysages et de bouffe. On en oublie totalement le dépaysement ressenti lorsqu’est venu le moment de passer aux choses sérieuses.

Je suis alors remonté 9 mois dans le passé à la recherche de la crotte formée dans les pires conditions, et 9 mois représente pas mal d’étrons. Non pas que je sois fétichiste et me souvienne de chacuns, mais il est des situations suffisamment inconfortables pour se fixer dans un coin de cerveau.

Je me suis notamment remémoré l’Europe où nous avons majoritairement campé. J’ai une aversion lorsqu’il s’agit de faire ça en pleine nature. Ca demande pas mal de temps pour trouver le coin parfait, suffisamment caché pour être sur d’être tranquille, sans herbes hautes venant me chatouiller, et surtout étudier la pente pour ne pas me pisser sous les pieds. Mais on ne peut pas parler de mauvais WC, plutôt de faiblesse personnelle.

J’ai alors remis un souvenir en Roumanie, à faire mes petites affaires dans des toilettes de camioneur à l’odeur pestilentielle, infestées de mouches par centaines. Je leur donnerai la palme de la dégueulasserie.

On ne mentionnera pas tous les chiottes turques où la tâche est forcément plus hardue que d’habitude, ou la déroute ressentie dans des toilettes asiatique sans papier toilette, uniquement armé d’une douchette. Et je confirme au passage que beaucoup de locaux n’utilisent que ça. Propre, mais humide !

Une anecdote assez bizarre se déroule dans un bus birman s’arrêtant au bord de la route pour une pause pipi. Kristian me fait remarquer un mec accroupi, le longji légèrement remonté (une jupe longue pour homme), juste devant le bus. « He’s taking a shit !! » me dit-il. « No way…. » Ah si, il est vraiment en train de pousser sa crotte à 2 mètres de la porte du bus au milieu des gens sortis pisser ou fumer une clope. Chouette.

Ah ! Et bien sur, la Chine où une fois de plus les coutumes… surprennent. Lorsque les pissotières n’ont pas de séparation, il y a toujours un ou deux chinois qui se penchent pour vous mater le zob. Hé oui, le monde est ainsi fait qu’en Chine, ils en ont des plus petites, du coup ils sont curieux. Ca m’est même arrivé qu’un type vienne à côté de moi uniquement pour ça, me dévisage popole de longues secondes avec beaucoup d’intérêt et se met à crier des trucs en chinois à ses potes à l’autre bout de la pissotière. Une expérience traumatisante. Mais attendez, on parlait caca non ? On y vient. Dans ces mêmes toilettes chinoise, il est tout à fait habituel de passer devant des toilettes turques individuelles, porte ouverte avec un local en train de faire sa grosse commission. Il n’est pas plus rare de voir la même chose avec un chinois accroupi au dessus de la pissotière public au milieu des autres. Je vous laisse imaginer le mal à l’aise lorsque vous êtes entouré par ce dernier d’un côté et un reluqueur de l’autre.

Je m’en voudrais de vous laisser cette image en tête, voila une dernière anecdote. Dans certains pays asiatiques (Chine, Laos, Cambodge pour ne pas les citer) les bébés ne portent pas de couche. Culs nus toute la journée. Lorsqu’il faut faire pipi, les parents les portent en les tenant par les cuisses et le petit fait pipi dans la rue. Des petits Manneken-Pis vivants ;)