Stukrprise-Stukrprise

Fraîchement débarqué du coté laotien, à Huay Xai, je finis par trouver une chambre à 50 000 kips dans une GH chinoise non indiquée.

Et j’entame dès à présent la recherche de la surprise. Les premiers contacts ne sont pas très amicaux. D’ordinaire quand je demandais les prix, les gens rigolaient. Là, ils m’envoient paitre. Bon, je savais que ce ne serait pas facile… on persévère!
Le soir, après une bonne heure d’errance dans les rues pour trouver le précieux, je rencontre Justin un cinquantenaire Français qui voyage en vélo lui aussi.
(Il est à noter le nombre impressionnant de Français ou de francophones cyclistes que l’on croise sur les routes dans ce coin du monde. Un couple de cyclistes Néo-Zélandais me fera part de sa surprise à ce sujet. Encore un petit effort et on boutera l’Anglais hors de nos terres! Comment ça c’est dépassé?)
Justin fait partie des gens qui sortent de l’ordinaire, indépendants, au vécu original, ceux que l’on croise trop peu en France et souvent en voyage. Il s’est aventuré en Asie du sud-est ces derniers mois, délaissant pour cette fois une Inde qu’il connaît bien depuis 25 ans, presque trop bien à l’entendre. Et comme souvent à écouter les passionnés d’Inde, ce pays attire, repousse, dégoute, provoque l’admiration, une espèce de drogue, un aimant qui tourne et se retourne sans cesse. Les histoires qui en sortent sont toujours passionnantes. À force, il faudra bien aller y faire un tour pour se faire une idée.
Bref, je vous perds, je fais durer le suspens. Au restaurant le soir, je demande à deux occidentaux qui vivent sur place si mon projet est possible mais il ne ressort rien de la conversation malgré leurs contacts thais. Il faudra donc que je me débrouille seul pour le moment. Dès le lendemain matin, je pars à la station de bus pour acheter un ticket pour Luang Prabang l’après-midi et je ne manque pas de demander sur la route du retour dès qu’une occasion se présente. Et là Bingo! Il en vend un! On commence à négocier en baths/kips/dollars pour un que j’avais repérer sur le bord de la route. On reste bloqué à 20 000 contre 30 000 baths (il démarre à 60 000 B = 1500€)et m’emmène voir un autre qui était à vendre. Même modèle, un que j’avais repéré la veille quand sa femme m’avait dit non… Comme quoi!
Enthousiaste comme tout, je négocie l’affaire pour 24 000B, 800$, le budget que j’avais pour ce petit trip. Je le teste, et voilà, je suis l’heureux propriétaire d’un tuk-tuk!

L’idée était donc d’en acheter un, piquer au sud et se promener dans les villages perdus de l’est du Laos avec l’autre heureux propriétaire d’une moto. Et le revendre avant de continuer en vélo.

-Tu veux aller où?
-Au sud du Laos, un peu partout.
-Yes, no problem.

Il me faut encore changer la batterie qui commence à faiblir sérieusement et ajuster le frein qui est plus que limite (disons quasi inexistant). Après avoir refusé de me faire un papier pour la police (ouais, on est pas trop autorisé à acheter un véhicule laotien en temps que farang), le proprio m’accompagne dans les premières bricoles toujours avec son interprète digne de mon niveau d’anglais en CM1. Première surprise désagréable : je paye la nouvelle batterie 50€ là où je pensais m’en tirer pour 20. Et encore, le premier prix était 300$. « Euh… à ce prix là je garde la vieille les gars hein! » Enfin, ça se passe pas trop mal quand même, je vais manger, j’annule mon ticket de bus avec 3,5€ de perte, je reviens pour mettre en route la bête. Ça tire toujours à fond à gauche, les vitesses toujours insupportables à passer, le bruit infernal, mais je m’en fous.

Faut que j’aille faire le plein maintenant. Première épreuve : une côte. Je m’élance… fond de première… ça grimpe…. ça grimpe… ça grimpe… ça grimpe moins… le moteur faiblit… le moteur s’arrête… ça ne grimpe plus du tout… le tuk-tuk s’arrête… le tuk-tuk recule… recule… j’ai pas de frein… panique… PANIQUE! Merde je fais quoi là!? Y a une propriété ouverte sur la droite derrière moi, je braque brusquement et le tuk-tuk s’arrête moitié dans la propriété, moitié sur la route. Je peux pas rester là, je redescends en marche avant en espérant que personne ne me coupe la route jusqu’à ce que j’ai pu remettre le moteur. Tout se passe bien (vue la situation) mais 200 mètres plus loin… panne d’essence. Rhoooo di diou ça commence à me les brouter là!
Est-ce qu’il n’a pas pu monter la pente par manque d’essence (réservoir quasi vide et penché) ou juste parce que c’est une gros veau qui ne montera jamais rien? C’est une question capitale vue la géographie du pays et notamment le nord d’où je dois sortir. Je retourne voir l’interprète, il me fait attendre l’autre deux heures et m’avoue après quelques questions détournées que de toutes façons, cet engin ne peut rien faire en montagne.

-Aaaaaaahhhh, c’est maintenant que tu me dis ça alors que tu m’as demandé 15 fois où j’allais et qu’il n’y avait jamais de problème?
-Moi j’ai jamais demandé ça.

OK, on va bien s’entendre. Réfléchissons. Le tuk-tuk risque donc de ne rien monter, faut encore que j’aille sans doute me faire enfler pour refaire les freins, que j’attende la saint glinglin qu’on vienne me dépanner, je suis dans une province un peu spéciale avec quelques barrages de flics qui risquent de vouloir au mieux un bakchich, au pire me confisquer le bouzin avec amende, pertes et fracas. Avec une bête de compétition en pleine forme je tente le coup en passant par les pistes pourraves. Avec les autres incertitudes… Outre l’enthousiasme du départ, il ne m’est arrivé que des tuiles, et comme en principe ça vient par série de dix ce genre de conneries… Il faut que je me débarrasse de ce truc. Encore faut-il qu’il ne cause pas trop de problèmes pour le reprendre, il est clair qu’il n’a pas fait une mauvaise affaire en me le vendant. Et là je pense au pire, en m’imaginant les scénarios les plus sordides pour lui faire cracher le pognon en retour. Après tout lui aussi est hors-la-loi dans l’histoire, on jouera là-dessus s’il faut.

Quand le proprio refait surface à la sortie de ma GH, il est d’accord pour me le reprendre avec 100$ de moins. C’est déjà une belle avancée par rapport à mes angoisses. Rien à faire pour leur expliquer que le monstre ne montera pas les pentes et qu’il y a eu disons… « incompréhension » pour être gentil. Après une nouvelle négociation de sourds je lui laisse la batterie neuve (qu’est-ce que j’en aurais branlé de toutes façons…) et il m’enfle de 50$ pour le prix.
L’interprète me demande 40$ pour son rôle primordial dans l’opération (vue l’efficacité de sa traduction… il repassera). Je lui explique en rigolant que le mister à côté a suffisamment gagné sa journée avec 50$ et une batterie toute neuve pour que ce ne soit pas encore moi qui casque. Tout le monde rigole. Tiens, ils ont compris ça!
Me voilà donc allégé de 100 roros pour une journée riche en émotions et je retrouve par hasard Justin à qui je raconte mes aventures avec une Big BeerLao. J’en avais carrément besoin!
Faire des économies de bouts de ficelles sur la bouffe, le logement, le transport, etc. pendant des semaines et perdre 100$ en quelques heures, ça fout les glandes dans des proportions divines. C’est chère l’anecdote marrante. Mais ça reste marrant.
Je pense qu’on peut ainsi refermer la trilogie de la loose motorisée avec Alex. J’aurais été le fier propriétaire d’un tuk-tuk pendant quelques heures.

Non mais vous croyez sérieusement que j’en ai fini avec mon idée de tuk-tuk?

Vous rêvez! Je recommence l’opération à Luang Prabang dès aujourd’hui (je suis arrivé ce matin à 4h)!

Le tuk-tuk vaincra!




Chiang Mai, Chiang Rai, Mae Sai, Chiang Saen, Chiang Khong, Phu Chi Fa, Chiang Khong

Vous m’excuserez pour l’originalité du titre, j’ai rien trouvé. Au moins, c’est clair.

Nous nous étions donc quittés là :

moi mae la noi

Ma journée de repos de Mae La Noi ne m’aura finalement pas décidé à abandonner mon idée de stop. Et dans un pays où ça marche si bien, ce serait con de s’en priver. Après 40nouveaux kilomètres de hauts et de bas, pour changer, je m’arrête donc au bord de la route et commence à chercher un coin pour me soulager. Je ne tomberai pas dans les détails scabreux malgré le récent succès des contes scatophiles d’Alexandre, et ce d’autant plus qu’on ne m’aura pas laissé le temps d’ouvrir ma braguette. À peine ai-je débuté mes investigations qu’un pick-up s’arrête pour me demander où je voulais aller. « À Chiang Mai? Montez! » Simple non? Les dénivelés se succédant sans laisser place aux habituels superbes points de vue en haut des cols, je ne regrettais pas ma décision.
La nuit est tombée quand mon chauffeur me dépose à la station de bus et je ne reconnais rien de la ville où nous avions déjà passé quelques jours. Si bien qu’après avoir trouvé les remparts de la vieille ville, j’en fais le tour complet pour finalement me rendre compte que j’étais arrivé au bon endroit du départ. Quinze kilomètres gratos, cadeau de la maison et j’atterris dans une Guest House tenue par des Japonais qui ne parlent ni anglais, ni thai. Ben ça doit être pratique ça tiens!

temple chiang mai

Lendemain, départ matinale à midi, comme tous les jours. Je prends la route après une soupe de nouille et une canette d’Ice Tea qui n’avait sans doute pas vu le jour depuis quelques années. Objectif approximatif : la moitié du chemin jusqu’à Chiang Rai, avec un gros R à la place du M, la prochaine grosse ville.
Mais rapidement je me mets en tête de rallier Chiang Rai le soir même et je vous la fais plus courte que le coup du demi-sel : j’arrive après 200km, 9h sur le vélo dont 4 de nuit et je tiens grâce à mon régime très stricte composé de beaucoup de fruits secs et d’un maximum d’eau.
Non je rigole, ça c’est ce que tout les bons samaritains nous conseillaient en partant. Moi je tourne Pepsi, Mentos, Chupa Chups depuis mes 350km, et je roule en plein caniar (sans compter tous les départs de lendemain de bringue). On change pas une équipe qui gagne et ça pue moins la déprime que les fruits secs bien pensants et les levés aux aurores. Je pense pouvoir bientôt concourir pour le titre du sportif à l’hygiène de vie la plus dégueulasse. Manque peut être un peu de schnouf non?

route chiang rai

vélo route chiang rai

coucher soleil route chiang rai

Chiang Rai donc, ville plutôt sympa avec ses deux principales attractions, le temple blanc (Wat Rong Khun) et la Black House, situés respectivement à 13km au sud et au nord du centre.
Le Wat Rong Khun a été érigé en l’honneur de Rama IX, l’actuel roi de Thaïlande et certaines parties sont encore en construction à l’heure actuelle. Je vous laisse admirer la belle bâtisse sur ces quelques photos, et fais l’impasse sur tous les détails puisque le plus intéressant se trouvait à deux pas d’ici, caché derrière un grand portrait de Sa Majesté.

wat rong khun

Wiki : En rupture avec la plupart des autres temples, celui-ci est d’une blancheur extraordinaire, pour symboliser la pureté du bouddhisme, et incrusté de morceaux de miroir pour suggérer la réflexion de l’illumination. Pour y arriver, vous devrez passer entre deux crocs géants et un lac parsemé de créatures des enfers. C’est une des constructions les plus étranges conçue par l’homme.

Wiki : Il devait être achevé en 2008, mais n’est pas encore terminé. L’ensemble comprendra 9 bâtiments, qui constitueront la vision du paradis bouddhiste sur terre telle qu’imaginée par l’artiste.

Vous allez me dire, c’est une marotte chez toi! Eh bien, sachez que je prends effectivement bien d’avantage de plaisir à me mêler aux locaux pour un combat de coqs que d’aller visiter le 3546ème temple de Thaïlande (même si celui-ci est très joli et vaut le déplacement, il faut l’admettre) encerclé de 50 occidentaux armés jusqu’aux dents de l’appareil le plus gros et le plus cher possible tout en ne sachant pas s’en servir.

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Combat de coqs donc. Encore. Mais en plus pro. Il s’agissait de l’entraînement des coqs qui vont ensuite montrer tout leur talent au Stadium le samedi soir. Et ce qui frappe en arrivant, c’est qu’on a pas affaire à des pédés (c’est pour les requêtes google. Mourinho ayant fait scandale en disant « pédés » récemment, si je le case 2-3 fois dans l’article, on peut avoir des résultats). Ces coqs disions nous, sont de sacrés bestiaux, on sent le changement de catégorie. La préparation est également plus soignée, le cadre un poil plus officiel, les combattants choisis avec soin avant chaque session. Non y a rien à dire, on est passé de Geoffroy Guichard au Nou Camp.

Grâce à leur anglais de l’impossible et mon thai a tomber, j’arrive à comprendre les quelques règles de base : les combats durent 20 minutes et ne sont pas à mort (contrairement au sud du pays apparemment, désolé Diana). La « morsure » à la crête semble également interdite, du moins à l’entraînement. Ça va, vous suivez?
Après toilette on ne peut plus complète (pour éviter les blessures me disent-ils…???), nos deux challengers sont placés face à face dans l’arène et… la suite en images!

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La bagarre se termine alors comme elle a commencé : toilettage intensif.

La transition avec cet intermède animal est toute trouvée avec la visite de la Black House. Quelques indications assez précises glanées sur le net pour s’y rendre et… je ne trouve pas. Il me faudra encore l’aide d’un local parlant anglais et un peu de chance pour y arriver. C’est bien simple, rien n’est indiqué et c’est au bout de plusieurs ruelles ridicules.

Une transition toute trouvée disais-je, car outre les bâtiments à dominance noire comme vous l’aviez subtilement deviné, le design intérieur est composé quasiment exclusivement d’animaux morts : peaux, fourrures, os, crânes, squelettes entiers, cornes, défenses, coquillages. Un petit paradis pour notre Brigitte nationale. Enfin, comme vous savez que je ne me lancerai sûrement pas dans une diatribe sur la chasse et l’extinction des espèces, je laisse aux curieux le soin d’admirer ce travail d’artiste que j’ai beaucoup apprécié. C’est original et esthétiquement souvent réussi malgré le fouillis.

De retour sur mon vélo, puisqu’il s’agit tout de même de rejoindre la prochaine ville, Mae Sai, je décide de suivre le panneau « Karen Long Neck » sans trop me faire d’illusions sur ce que je pourrais trouver. Je longe alors des rizières à perte de vue pour atteindre un parking que j’espérais ne pas voir :

Cette photo sera donc la seule que je prendrais avant de faire demi-tour sans même apercevoir un seul villageois. J’avais déjà lu que les villages de femmes au long cou étaient pour la plupart envahis de touristes, j’ai bêtement suivi l’indication avec l’espoir de trouver un coin sauf des tours organisés et des minibus.

Tout ceci ne m’avance guère dans mon périple et je dois encore rouler quelques 60kms. Seulement les tentations sont grandes en chemin et je dois tout de même faire halte pour savoir pourquoi ce restaurant s’appelle « Cabbages and condoms ».

Qu’est-ce qu’on y fait, qu’est-ce qu’on y mange, qui travaille là-dedans? C’est en fait un restaurant tout ce qu’il y a de plus normal, l’explication sur le menu indique que le propriétaire incite via son restaurant au port de la capote. Très bien, très bien. J’attendais quand même quelque chose de plus funky. La dernière phrase du menu fait sourire :

Une de fois de plus, j’atteins la ville de nuit et m’arrête dans le premier resto venu, le Kik Kok. Deux occidentaux et une Thai viennent à ma table et après discussion des prix, m’emmènent dans leur GH à 150baths la nuit. Le soir je parle longuement avec l’Américain qui vit depuis 12 ans en Thaïlande. Il m’avoue ne pas savoir, alors qu’il parle et comprend correctement le thai, pourquoi certains ne comprennent pas quand il commande un plat par exemple. OK, il y a différents tons, mais faut pas déconner, y a pas besoin de répéter 3 fois Khao Pat au resto pour comprendre qu’on veut un plat de riz… De même qu’inverser le mot et son adjectif provoque des blocages insurmontables…
Le lendemain matin (enfin, de 11h à midi), visite de Mae Sai, son perpétuel marché aux ruelles couvertes, le pont de la frontière birmane et la colline et son scorpion géant faisant face à… la Birmanie. Quelle surprise. Ils n’ont plus qu’à placer une grosse mygale côté birman et on se croira dans Chérie j’ai rétréci les gosses.

Direction désormais : le triangle d’or, autrefois célèbre plaque tournante du trafic d’opium, et qui n’est plus qu’un point sur la carte d’où l’on peut voir la Birmanie et le Laos juste séparés par le Mékong et un de ses affluents, tout en ayant les pieds sur le sable thaïlandais. Disons que c’est un endroit incontournable, symbolique de la région qui ne laisse cependant pas bouche-bée.

Il est encore relativement tôt dans l’après-midi, je ne dors donc pas sur place comme prévu et poursuis ma route jusqu’à Chiang Khong où j’arrive… de nuit. Vous commencez à comprendre. Ce n’était cette fois pas tout à fait prévu mais la route recommençait à déconner à pleine montée. Rien d’impossible mais suffisant pour mettre une ou deux heures dans la vue et trois litres de sueurs dans mon caleçon. En ville, chambre à 150baths, je prends encore.

Départ le lendemain pour Phu Chi Fa où il faut paraît-il se rendre pour admirer le lever du soleil. J’y vais donc. Premières soixante bornes les doigts dans le nez pendant lesquelles on m’offre deux shots de whisky, les trente dernières le nez dans les doigts pendant lesquelles j’ai tout le temps de regretter les deux shots. De la bonne montée style piste noire à Courchevel mais sans télésiège. Je laisse derrière moi quelques décilitres de sueur et je peine parfois à maintenir le guidon au sol à cause des 25-30kg que je traîne. Je peux au moins profiter du coucher de soleil en haut des cols, la bouche et les yeux pleins de sel en pensant qu’il me faudrait encore 5h à ce rythme.

Je finis par atteindre un col dont le nom aurait du me rappeler quelque chose : c’était Doi Pha Tang, le point culminant de la région. Avec un peu plus de lucidité j’en serais resté là en voyant le panneau « Phu Chi Fa 25 ». Merde, j’en ai fait que 5 là? Sept après vérification du compteur… bah me v’là chouette! La nuit tombe, je peux désormais deviner les dénivelés au loin grâce aux phares des rares deux roues. Heureusement, les pourcentages se calment un peu et je m’offre quelques moments de répit. J’arrive au village indiqué « Phuc Hee Fa » à plus de 21h avec une dernière surprise : tout est fermé, j’ai faim et je dois pousser mon vélo dans la pente à 40% du bled. Je dois finalement me résoudre à prendre la chambre à 300 baths où ils servent encore à manger. Bon ils déconnent pas, j’avais 8 lits pour moi!

Réveil 5h30, je me fais embarquer dans un pick-up avec quelques autres touristes Thai venus pour la même raison que moi, encore 400m à pattes et nous attendons à une grosse dizaine au-dessus des pics. Le soleil vient… dommage, c’est brumeux, il faut attendre encore 2h pour en profiter un maximum. Mais tout le monde s’en va après 10 minutes et je reste seul en haut en pensant qu’ils feraient les 2km à descendre sans moi.

Mais non, ils m’attendent et klaxonnent! Rhooo les cons, 1h de voyage en groupe et ça me gonfle déjà. Je descends… ils sont partis. Bon allez, petit dej’ et je me casse. Le début n’est pas de tout repos, retour à Pha Tang où je découvre que c’est un village chinois aux prix de Shanghai. Je ne m’étonnes plus de voir des femmes porter de grosses charges sur leur dos. Typique de la connerie chinoise de ne pas exploiter l’invention déjà six fois millénaire de la roue.

Sur la route je croise un couple de Québécois se rendant à Phu Chi Fa le lendemain. Ils viennent de commencer leur tour à vélo. Bon courage! De retour à Chiang Khong j’ai juste le temps de trouver le passage frontière laotien. Un coup de tampon de sortie, un petit bateau à moteur, un visa à 31 dollars sans date de sortie indiquée. Hop, me revoilà au Laos!




Stephen Sumner

Les voyages sont faits de rencontres atypiques, des gens dont la vie s’éloigne des sentiers battus. Le premier que nous avons rencontré était un SDF à Florence, ancien médecin anglais habillé en Jésus. Le dernier sur ma route est Stephen Sumner.

Stephen Sumner

Stephen Sumner est amputé de sa jambe gauche. Je l’ai rencontré au restaurant alors que je m’apprêtais à partir de Battambang – Cambodge. Dans ce pays où gisent des millions de mines qui blessent grièvement des centaines de personnes chaque année, la rencontre de Stephen est assez opportune.

Passionné de deux roues, il perd sa jambe dans un accident de moto en Italie, il y a 8 ans. Comme beaucoup d’amputés il souffre alors de douleurs fantôme. C’est simplement la sensation d’avoir toujours le membre manquant, et de violentes douleurs qui y sont associées. Pour un long et juste descriptif, ça se passe sur Wikipedia.

Stephen découvre alors un traitement appelé « boîte miroir », un procédé inventé par Vilayanur Ramachandran. Un miroir est placé de telle sorte qu’il réfléchit sa jambe droite et Stephen peut alors visualiser sa jambe gauche manquante. Pour plus d’infos, ici (en anglais, Mirror box). À raison de 2 sessions de 10 minutes par jour pendant 5 semaines, les douleurs disparaissent complètement, à vie. Et ça ne coûte rien !

Si j’ai bien compris ça fonctionne par mimétisme. Aussi, si j’ai mal à la cheville manquante, je bouge mes deux chevilles de la même façon de sorte que la gauche, par réflexion de la droite, paraisse bouger comme je l’entends, et ainsi soulage la douleur.

Pour comprendre à quel point un membre fantôme peut être relié au cerveau, ci-dessous est une expérience de V. Ramachandran avec un amputé du bras :

I placed a coffee cup in front of John and asked him to grab it. Just as he said he was reaching out, I yanked the cup away. « Ow! » he yelled. « Don’t do that! » « What’s the matter? » « Don’t do that, » he repeated. « I had just got my fingers around the cup handle when you pulled it. That really hurts! » Hold on a minute. I wrench a real cup from phantom fingers and the person yells, ouch! The fingers were illusory, but the pain was real – indeed, so intense that I dared not repeat the experiment.

Stephen parcourt le Cambodge à vélo. Soit il aide directement les victimes de mines, soit il s’adresse à des ONG (il y en a plein au Cambodge) afin de leur apprendre la méthode de la boîte miroir et toucher ainsi plus de personnes d’un coup.

L’histoire de Stephen a inspiré un film, « Phantom pain ». Il est également écrivain et beaucoup d’autres choses. Vous en apprendrez plus sur son site.

Je suis resté un peu plus longtemps à Battambang dans l’espoir de pouvoir assister à une de ses démonstrations. Malheureusement la prochaine fut planifiée une semaine plus tard, trop loin pour moi.

Bonne continuation Stephen !




Parlons peu parlons caca

Il y a deux jours j’ai rencontré Johnathan dans le bus de Bangkok à Poipet (la frontière Cambodgienne), un irlandais venu rencontrer un ami vivant depuis 10 ans à Siem Reap et qui vient d’ouvrir un restaurant. Ni l’un ni l’autre ne sent le caca… on y vient.

Deux jours plus tard, ce soir donc, je me retrouve dans une superette à côté d’un autre occidental, Micha, et on commence à papoter moto. On finit par boire une bière au bord d’un cours d’eau, bavardant Cambodge et voyage. J’apprends qu’il est chef dans un nouveau restaurant, et lorsqu’il me montre sa carte je comprends qu’il s’agit du même que deux jours auparavant. Le monde est petit, le hollandais en question est son frère,  patron du bouiboui.

C’est alors que, m’interrogeant sur mon périple, le type me pose une question plutôt inattendue : « What is the worst toilet you took a shit in your travel ? ». Question farfelue mais plutôt pertinente. C’est un sujet qui peut être plutôt préoccupant lors d’un long voyage. On parle toujours de paysages et de bouffe. On en oublie totalement le dépaysement ressenti lorsqu’est venu le moment de passer aux choses sérieuses.

Je suis alors remonté 9 mois dans le passé à la recherche de la crotte formée dans les pires conditions, et 9 mois représente pas mal d’étrons. Non pas que je sois fétichiste et me souvienne de chacuns, mais il est des situations suffisamment inconfortables pour se fixer dans un coin de cerveau.

Je me suis notamment remémoré l’Europe où nous avons majoritairement campé. J’ai une aversion lorsqu’il s’agit de faire ça en pleine nature. Ca demande pas mal de temps pour trouver le coin parfait, suffisamment caché pour être sur d’être tranquille, sans herbes hautes venant me chatouiller, et surtout étudier la pente pour ne pas me pisser sous les pieds. Mais on ne peut pas parler de mauvais WC, plutôt de faiblesse personnelle.

J’ai alors remis un souvenir en Roumanie, à faire mes petites affaires dans des toilettes de camioneur à l’odeur pestilentielle, infestées de mouches par centaines. Je leur donnerai la palme de la dégueulasserie.

On ne mentionnera pas tous les chiottes turques où la tâche est forcément plus hardue que d’habitude, ou la déroute ressentie dans des toilettes asiatique sans papier toilette, uniquement armé d’une douchette. Et je confirme au passage que beaucoup de locaux n’utilisent que ça. Propre, mais humide !

Une anecdote assez bizarre se déroule dans un bus birman s’arrêtant au bord de la route pour une pause pipi. Kristian me fait remarquer un mec accroupi, le longji légèrement remonté (une jupe longue pour homme), juste devant le bus. « He’s taking a shit !! » me dit-il. « No way…. » Ah si, il est vraiment en train de pousser sa crotte à 2 mètres de la porte du bus au milieu des gens sortis pisser ou fumer une clope. Chouette.

Ah ! Et bien sur, la Chine où une fois de plus les coutumes… surprennent. Lorsque les pissotières n’ont pas de séparation, il y a toujours un ou deux chinois qui se penchent pour vous mater le zob. Hé oui, le monde est ainsi fait qu’en Chine, ils en ont des plus petites, du coup ils sont curieux. Ca m’est même arrivé qu’un type vienne à côté de moi uniquement pour ça, me dévisage popole de longues secondes avec beaucoup d’intérêt et se met à crier des trucs en chinois à ses potes à l’autre bout de la pissotière. Une expérience traumatisante. Mais attendez, on parlait caca non ? On y vient. Dans ces mêmes toilettes chinoise, il est tout à fait habituel de passer devant des toilettes turques individuelles, porte ouverte avec un local en train de faire sa grosse commission. Il n’est pas plus rare de voir la même chose avec un chinois accroupi au dessus de la pissotière public au milieu des autres. Je vous laisse imaginer le mal à l’aise lorsque vous êtes entouré par ce dernier d’un côté et un reluqueur de l’autre.

Je m’en voudrais de vous laisser cette image en tête, voila une dernière anecdote. Dans certains pays asiatiques (Chine, Laos, Cambodge pour ne pas les citer) les bébés ne portent pas de couche. Culs nus toute la journée. Lorsqu’il faut faire pipi, les parents les portent en les tenant par les cuisses et le petit fait pipi dans la rue. Des petits Manneken-Pis vivants ;)




Petite boucle en altitude

Arrivé à Chiang Mai (en thai, la rose du Nord, 250 000 habitants) en train après avoir attendu en vain des nouvelles du sac d’Alex à Bangkok, nous passons quelques jours dans cette ville assez sympa du nord de la Thaïlande. Pas grand chose au programme mais le cadre est relaxant, à l’instar des prix. Tiens, la nourriture birmane est moins chère ici qu’en Birmanie.

Je profite de ces quelques jours loin des chambres confinées de Bangkok pour changer mes pédales gracieusement envoyées pour Noël par notre sponsor, Vélo Papillon qui place désormais notre site en première page du sien. C’est pas la classe ça?

Bon c’est vrai qu’il peut s’en vanter. Il a préparé les vélos des deux plus gros tocards du monde cycliste, et ils tiennent le coup (les vélos hein, parce que sinon y en a déjà un sur une moto et l’autre qui ne fait le barbot que dans les descentes) malgré l’entretien a minima avec 3 gouttes d’huile quand ca commence à couiner dans tous les sens, et des chocs répétés dans les différents transports (entre deux wagons de train, sur une soute de bus pleine à craquer, sur le toit des bus, à l’arrière d’un pick-up dans le gravier, dans les coffres, etc.). Hier, je me suis penché sur le réglage des vitesses – à la pince à ongles – pour la première fois depuis l’Ukraine si mes souvenirs sont bons, ça commençait à être un joyeux bordel. Toujours aucune pièce changée, 5-6 rustines en 8000 kms, un coup de pompe, trop facile. Bref, heureusement que les vélos sont plus costauds que les jambes.

velo

Surtout que les jambes, depuis mon faux départ (150kms aller-retour) pour le Cambodge début janvier n’avaient jamais revu le Montague hors de sa housse. Autant dire que c’était le désert sportif depuis près de deux mois et mon improbable record. Le problème dans ces cas là c’est que les ambitions ne suivent pas la même courbe décroissante et qu’une étape de 110kms nous fait doucement rire autour d’une bière. Sur la ligne de départ, on se gratifie vaillamment d’un « à ce soir » à ceux qui partent en bus et on y croit bien fort en serrant les poings pendant les 35 premiers kilomètres… sur route plate. C’est à partir des pentes à 15-20% et des premières crampes à 5km/h qu’on commence à comprendre que ce sera dur. Un peu d’étirements, de l’eau on repart pour 500m, belote et re-belote sur 5km. Il faut bien se rendre à l’évidence : on était parti avec du coeur, on a été laissé sur le carreau, capot après 64kms. Bon cette fois, c’est décidé je coinche (et j’arrête les références à ce jeu, promis) : je fais du stop. Je prends même pas soin de plier le vélo, y a que des pick-ups sur cette route. Comme d’habitude avec les Thais, c’est facile über alles : première voiture, j’embarque tout le barda à l’arrière. Le conducteur ne peut m’avancer que de 30kms (quand je vois les montées suivantes je ne regrette pas une seconde l’abandon) et finit par m’inviter chez lui, à Mae Sae, petit bled perdu dans les montagnes que je n’arrive même pas à trouver sur google maps. Pran a construit plein de petit bungalows en bois, bamboos, feuilles pour le toit, sur un terrain immense. On se croirait perdu au milieu d’une forêt de palmiers, de bamboos, n’entendant que l’eau de la rivière. C’était superbe. Sauf qu’il y a l’eau chaude, des lits, du réseau pour le téléphone et… internet. C’est dingue.

pran

J’hériterai donc de mon bungalow pour la nuit après avoir mangé avec mon hôte et contacté Alex pour annuler la réservation à Pai, ce qu’il avait anticipé en voyant la route. Je refuse draps et couverture en arguant que mon sac de couchage suffira mais ici la nuit est fraîche malgré la chaleur en journée et je me gèle les meules bien sévère. Depuis, je me suis résigné à ne pas sortir la tente dans la région.

bungalowpran

Le lendemain, on m’offre encore le petit déj’ (soupe de courge aux croutons + cacao au lait de coco et cannelle) et je reprends la route pour Pai. Quinze kms de montée m’attendent encore du départ et quand je croise un cycliste Québecois complètement en nage, je comprends que la suite sera plus aisée. L’occasion de s’arrêter dans des sources chaudes pour 100 baths après quelques rencontres inattendues et de prendre un bon bain pendant quelques heures. Par contre on ne me laissera pas avancer avec mon vélo jusqu’au bout, je ne rentrais pas dans les standards de l’établissement…

elephant

sources

Quelques jours passés à Pai (3000 habitants et pas mal de touristes) dans un auberge au milieu des champs de riz, l’occasion de fêter dignement la n-ième séparation avec notre ami Danois et une nouvelle avec Alex qui s’en va poursuivre sa loose (je persiste avec la théorie de la punition de Dieu) au Cambodge pendant que je pars me promener un peu dans les montagnes. Cette fois j’ai zyeuté le profil altimétrique de la boucle et je prends soin de ne pas me fixer d’objectifs. Premier jour : 44km, arrêt à Pang Mapha, je ne trouve qu’un bungalow à 350 baths. C’est classe, avec piscine, mais je m’en cogne, je veux juste un matelas par terre, au chaud. J’avais bien en tête la ville de Mae Hong Song (la ville des trois brumes, je sais pas pourquoi…) à 110 bornes mais bon… ne déconnons pas.

road

Deuxième jour : Mae Hong Song donc, 73kms, 6000 habitants, c’est LA grosse ville de mon parcours. Eh ouais. La route est vraiment superbe et l’arrivée en haut des cols (et c’est toujours plus beau lorsqu’on arrive en vélo, une question de mérite sans doute) offre toujours de magnifiques points de vue sur la région et les petits villages perdus dont on peine à apercevoir la piste d’accès. Je prends mon temps, visite une sorte de monastère de méditation où il est a priori possible de passer la nuit pour rien, où les résidents de passage principalement occidentaux, sont tout de blanc vêtus. Ambiance secte très zen mais le moine que je rencontre n’avait pas l’air très enclin à m’offrir plus qu’un café et comme je ne voulais pas lui demander directement de profiter de leur hospitalité, je poursuivais ma route.

secte

vue

En chemin, j’aperçois un combat de coqs. Là aussi je stoppe pour venir former moi aussi le petit cercle de spectateurs autour de cette étrange bataille. Je deviens pendant quelques minutes une plus grosse attraction que les plumes qui volent au son des « farang, farang » (étranger, en thai) et le combat s’arrête quand les prorpios le décident et finissent par bichonner leur poulain chacun de leur côté. Match nul?

Round d’observation…
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FIGHT!
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J’arrive de nuit à Mae Hong Song et cherche pendant près d’une heure une piaule miteuse pour 200 baths, c’est désormais ma limite.
Troisième jour, c’est la saint Valentin, encore une grande journée d’amour sur les très belles routes montagneuses avec mon vélo. Je retrouve à cette occasion un peu de niak dans le pédalage, celle qu’on met quelques semaines à acquérir et qu’on perd trop vite. Je croise un collègue Allemand bedonnant sur la route et je stoppe à Khun Yuam après 70kms, immense chambre rudimentaire, 200 baths une fois encore.

deutsch

riz

Quatrième jour, 70km là aussi, la route est toujours vallonnée mais plus douce. J’atteins les 20km/h de moyenne, ça me change des 15-16 habituels et j’arrive à Mae La Noi, d’où j’écris cet article. Sur place, les premiers prix sont carrément fous : 1500 baths! Euh… je suis bien à Mae La Noi là non? Il faudra qu’un local m’emmène un peu en dehors de la ville pour atteindre une chouette place à 300 baths la chambre. J’explique alors que je veux 200 maxi, que je me fiche pas mal des arguments sur la vue (du paysage j’en vois assez toute la journée pour ne pas encore me lever la nuit pour l’admirer) ou le confort, je souhaite juste un lit. Après quelques hésitations, on finit par me loger dans la salle de massage pour 200 baths. Y a un matelas par terre, un oreiller, on m’amène des couvertures. Il me faut pas plus.
Il se trouve qu’en plus il y a de l’ADSL (ça m’épate toujours autant dans ces coins…), ce qui fait qu’aujourd’hui au moment de partir, je décide de rester une journée de plus pour mettre un peu tout à jour.
Et une journée de repos pourrait peut être me redonner un peu de courage pour la suite où je comptais clairement faire du stop.
Prochaines destinations : retour à Chiang Mai et poursuite de la découverte plus au nord-est de la Thaïlande ce qui fera sûrement l’objet d’un autre article.

velopaysage

Ensuite, c’est une surprise, il faut d’abord que j’arrive à organiser tout ça. Personne ne l’a peut être jamais fait là-bas. Réponse d’ici deux-trois semaines!

ps : alors que je finis d’écrire je viens d’entendre que la chambre pour le gars qui vient d’arriver en moto est à 400 baths.
Qui a dit « à la tête du client« ?

teteclient




La loose n°2

Il n’aura pas fallu 2 mois, après le refus thaïlandais d’entrer avec ma moto vietnamienne, pour recevoir une nouvelle taloche dans les dents.

La Thaïlande s’est bien passé. Les îles au sud, les éléphants et la glandouille au bord d’un lac à l’ouest, re-glandouille au nord, beaucoup de retours à Bangkok (aujourd’hui, le 4ème et dernier !), beaucoup de bières, de potes et de soirées, et surtout la Birmanie en compagnie de Greg et Kristian (un danois rencontré au Laos). Petit condensé de photo pour illustrer ces quelques lignes (on fera l’impasse sur les photos de soirée).

Glandouille au bord d'un lac

Glandouille sur un éléphant

Glandouille avec un singe

Glandouille en Birmanie

Comme Greg l’a déjà souligné à ce sujet, on ne peut rentrer dans ce pays qu’en avion, notre premier depuis 8 mois. AirAsia et ses tarifs compétitifs aidant, nous passons 2 semaines dans ce mélange d’Inde et de Thaïlande (enfin plus proche du Cambodge vu l’état des routes). Même si le manque d’hôtels « agréés » et les routes fermées aux touristes ont le don de nous mettre en rogne, le pays est assez fascinant. Les gens sont sympas, comme partout en Asie, les rues sont crades à souhait, les étals de poisson à même le sol, internet façon 56K et encore quand ça marche. Ah ! Et un fait surprenant, quand tu prends un bus, soit il part à 4h du mat’, soit il arrive à 4h du mat’ ! On s’est souvent demandé pourquoi, sans avoir trouvé de réponse logique à ça. Après 10h de bus et un nombre d’arrêts variable, tu peux être sûr d’arriver au milieu de nul part à 4h du mat’.

Birmanie

Greg et Kristian à Bagan, Birmanie

Bagan, Birmanie

Un mec avec des longs cheveux

Une gare en Birmanie

Un pooooont !

Des ptits nenfants birmans

Bref, on retourne assez rapidement à Yangon pour prendre un avion direction la Thaïlande. Il nous faudra 2 jours pour réussir à acheter un ticket de retour grâce à un internet survolté (1h30 pour passer tous les process de AirAsia, vitesse larvaire) et une carte bleue qui nous demande de taper le code de confirmation reçu sur un téléphone portable… en France.

Zwouuuuuuush l'aile de l'avion

Une fois dans l’avion Greg commence à stresser à cause de son ordinateur portable qu’il a oublié de prendre en bagage à main. « Meuuh non t’inquiète, le trajet dure 45 minutes, c’est direct et Yangon n’a qu’une dizaine de vols par jour, ça craint rien ». Descendus de l’avion nous nous retrouvons à la frontière thaï de l’aéroport pour obtenir un joli tampon sur notre visa. 20m au delà, on voit les bagages venus de Yangon tourner sur les tapis roulants, inexorablement. Après 2 heures d’attente pour obtenir le tampon, Greg peut enfin retrouver son sac et constater que son macbook est bien à sa place. Soulagement. Sauf que….. sauf que, j’ai beau tourner autour de ce foutu tapis roulant, mon sac n’est absolument pas dessus. 10 minutes plus tard l’affichage LCD « Yangon » est remplacé par une autre ville, signe que tous les bagages ont été débarqués.

WTF

2 heures plus tard je me vois expliquer que mon bagage a peut être été égaré dans un autre avion, ou resté à Yangon. Je remplis leur petite fiche et m’en vais dans Bangkok avec mon unique jean, unique tshirt, unique caleçon et chaussettes. J’achète un téléphone portable pour pouvoir harceler AirAsia de l’avancement des recherches. 1 semaine d’affilée ils me répètent « we checked at Yangon Airport, it’s not here ». C’est bien les mecs, mais faut peut être chercher ailleurs maintenant. Ce qui est bien quand tu prends l’avion c’est que ton sac a un code bar et un numéro collés dessus, ce qui permet théoriquement de tracer le bagage, savoir où il est, et accessoirement contrôler à la sortie de l’aéroport que les voyageurs partent bien avec Leur sac et non celui d’un autre. Ca c’est la théorie. La pratique est que le sac n’est absolument jamais scanné ni contrôlé à la sortie. Bande de poulpes !

gros poulpe

Quelques jours plus tard alors que nous visitons Pai, AirAsia m’appelle et me confirme enfin que le sac est bien arrivé à Bangkok le jour prévu et qu’un voyageur a probablement confondu…. enfin volé. Ô chance, ils vont me dédommager à hauteur de 20$ / kg. Soit environ 1/4 de ce que j’ai réellement perdu.

AAAAAaaaaah

Entre temps j’ai bien évidemment racheté un sac (en carton pate, il commence déjà à craquer), quelques fringues et tous les chargeurs de batterie et cables perdus dans l’opération. Au delà de ça il y avait le Leatherman offert par mes anciens collègues de Y2Y, un objectif d’appareil photo et mes clés de moto !

GRrarraraaaaaa

Le bon côté des choses : j’ai perdu ni photo ni vidéo, j’ai encore mon appareil photo, mon macbook et je voyage bien plus léger maintenant.

take it easy

En bonus, Bangkok sous la pluie

Bangkok sous la pluie

En en super bonus, la vidéo des éléphants

N’hésitez pas à aller voir les autres vidéos !




Birmanie, deux semaines de break chez les Indiens

Comme prévu, nous partons 3 en Birmanie dans un pays qui s’annonce plutôt mystérieux. Peu de personnes s’y rendent, et nous n’en avons entendu parlé que via les histoires de Junte, d’Aung San Suu Kyi ou de Rambo 4 (le plus sanglant de tous, je le conseille pour les amateurs).
Depuis Bangkok c’est 45 minutes de vol mais aussi 1/2h de décalage horaire. Ça compte : on a faim à 11h30 et il faut décaler l’apéro.

Passées ces futilités, la première grande course à la négociation débute avec les chauffeurs de taxi pour rallier l’aéroport au centre-ville de Yangon (ou Rangoon). Et vue l’entente caractérisée de cet oligopole malsain on regrette dès le départ d’avoir laissé son vélo et il faudra s’acquitter de 9$. (nb. Yangon est l’ancien capitale que les dirigeants ont déplacé dans la nouvelle ville de Naypyitaw pour plus de sécurité).
La recherche d’un lit est le départ de la seconde grande course, avec nos congénères touristes, cette fois. Deux heures à chercher dans les ruelles toutes plus sombres et crasseuses les unes que les autres. Avec les cafards de notre premier restaurant et les chambres miteuses que nous trouvons, c’est ton sur ton.

Il n’y a aucun distributeur de billets dans le pays, et les fluctuations arbitraires du taux du Kyat fait qu’il est impossible d’en trouver ailleurs.
Il faut donc venir avec des dollars et bien prévoir assez pour toute la durée. Sinon, ça s’annonce difficile…
On change ensuite les dollars dans une banque ou dans la rue au black (plus intéressant mais le risque d’arnaque n’est pas négligeable, nous y avons échappé de peu). Dans tous les cas, les billets $ doivent être nickel. Attention c’est nickel-neufs, tout juste imprimés, pas une pliure, un bord abimé ou un début de déchirure. On s’est fait refoulé un 100US$ pour un coin corné d’1mm!
Il faut donc toujours conserver ses $ dans un bouquin, une poches rigides… c’est doucement chiant. Et impossible de savoir pourquoi.
Ils suffiraient qu’ils acceptent les $ usagés et tout irait bien, ils seraient pas plus pauvres…
Par contre les kyats, c’est la fête. On pourrait les brûler qu’ils en accepteraient les cendres.

billet

Même principe, au Laos

Dans les rues les hommes se promènent tous avec une espèce de longue jupe à carreaux, un longji, et mâchent des noix de Betel, expliquant le sourire sanguinaire, toutes dents pourries.

Quelques jours passés à Yangon à entendre les moines brailler jour et nuit (depuis nos chambres) dans des haut-parleurs pour célébrer je ne sais quelle festivité, nous filons à Nyang U pour visiter les plus de 4000 temples de Bagan (http://fr.wikipedia.org/wiki/Bagan). Nous en verrons quelques dizaines en vélo (qu’on a loué, ça fait un peu mal…), c’est bien, c’est beau, c’est pas cher quand on échappe aux contrôles à 10$ mais un peu redondant et l’hébergement pas spécialement bon marché.

Bagan2

Direction Mandalay, ville polluée, poussiéreuse, sale (tiens, ça devient une habitude) et évidemment… pas bon marché. Le gouvernement mettant ses grosses pattes un peu partout dans l’économie, c’est le bordel au niveau des prix, rien de bien étonnant.

Vite, il faut partir, et internet (quelle misère de ce côté là aussi) nous faisant miroiter le plus beau trajet en train du monde, nous voici embarqué dans une carriole sur rails aussi fluide qu’une charette sur un chemin vicinal. Et question paysage, OK, pas mal, mais ça laisse à désirer par rapport à ce qu’on attendait.
Nous sommes donc à Hsipaw, capitale de… rien. Non là y a vraiment rien. Quelques treks mais question originalité on peut trouver mieux. On reste tout de même quelques jours sur place à manger des plats au curry, samossa, de la bière du Myanmar et jouer avec les gamins du bled.

gosses Bagan

Où va-t-on bien pouvoir aller ensuite? Accompagnés depuis quelques temps d’un beau couillon d’Américain en voyage (profil type du pigeon) dont on peine à se défaire, je commence à zieuter les coins perdus des environs. Seulement c’est verboten : fighting area. Et là? Non là, interdit aux étrangers. Ici? Oui tu peux mais y a pas d’hôtels, et les habitants n’ont pas le droit de t’accueillir. Bon, par là-bas? Station balnéaire pour riches. Dernière chance, le petit coin au sud? Ah non, fermé depuis deux ans pour cause d’insurrection. Bon vous commencez à me les briser menu les Birmans! La décision est prise : retour à Bangkok et pas de lac Inle qui sentirait presque le traquenard à touristes.

Le pays est joli, c’est culturellement très différent des derniers pays visités, et tout plein d’autres compliments mais c’est invivable de toujours passer outre les contraintes qui ne devraient pas exister et d’avoir toujours tout à organiser d’avance. Finalement le meilleur moyen de visiter ce pays aurait été vélo et tente. C’est con, la première fois qu’on n’avait rien avec nous…




Birmanie, pays des interdits

Au rayon des infréquentables internationaux, la Birmanie figure en bonne place aux côtés de la Corée du Nord ou de l’Iran. Dictature militaire, répression des libertés, repression politique, contrôle des logements, internet, rien ne semble échapper au pouvoir en place, même si l’apaisement semble être de rigueur ces derniers temps. En début d’année, nous nous sommes rendus dans ce pays si particulier.

Aussi étrange que cela puisse paraître, le visa birman (30 jours) s’obtient en une petite demi-journée, avec une photo et un formulaire à remplir, à l’ambassade birmane de Bangkok. C’est un des visas les plus simples à obtenir. Les vols à destination de Yangon, l’ancienne capitale, ne sont pas légions : à l’aéroport on peut lire une dizaine de destinations, toutes en Asie du sud-est. Notre point de départ sera Bangkok.

Avant de partir, il faut avant tout prévoir assez de monnaie pour l’ensemble du voyage, il n’y a aucun distributeur dans le pays. Mais ce n’est pas la seule difficulté. Le kyat, la monnaie locale, étant sujette à des manipulations de taux très élastiques de la part du gouvernement, il est impossible d’en obtenir en dehors du pays. Il faut donc venir avec des dollars américains, pas n’importe quels dollars. Il faut du flambant neuf, sans déchirure, sans marquage, sans pliure, pas même le moindre petit coin corné, sous peine de ne pas pouvoir les changer en kyat sur place. Un billet de 100$ nous a été refusé à cause d’un coin corné d’un malheureux millimètre.
On peut ainsi payer dans les deux monnaies, mais changer rapidement des dollars en kyats aide à se sentir plus serein. Quand on voit dans quel état sont les billets de kyats, c’est à mourir de rire : de vrais chiffons. Il ne faut pas non plus être étonné de se voir rendre la monnaie en biscuits quand ils n’ont pas le change exact. Comme le dit si bien l’expression, « c’est monnaie courante« .
Pour les changes, beaucoup de gamins proposent des taux plus avantageux au marché noir que les banques. Mais si vous n’êtes pas très attentifs, vous serez arnaqués.

Lorsqu’on prononce le mot Birmanie, un seul nom, un seul visage apparaît inlassablement comme symbole de la résistance face à l’oppression, celui d’Aung San Suu Kyi, fille du général Aung San qui négocia l’indépendance de la Birmanie en 1947. Assignée à résidence pendant des années, on imagine qu’une véritable omerta est associée à son nom.
Pourtant, chaque étale, chaque scooter, chaque magasin arbore son portrait ou celui de son père, et le phénomène ne semble pas vraiment nouveau à en juger de l’état de certaines photos. La population semble ainsi pouvoir exprimer son opinion sans craindre de sanctions. Tant que celle-ci n’est pas trop importante…
Pratiquement tous vêtus d’un longji (longue jupe en tissu), le sourire des Birmans surprend toujours quand apparaissent leurs dents rouges, colorées par le mâchage des noix de bétel.
La culture birmane est beaucoup plus proche de l’Inde que de la Thaïlande, les nombreux plats au curry en témoignent, la saleté des rues également. Il ne faut clairement pas craindre de manger dans un restaurant grouillant de petits blattoptères.

Internet semble en voie de s’ouvrir petit à petit. Autrefois interdits, hotmail et facebook sont désormais accessibles, même si la connexion rappelle que les grandes heures du 28,8K.

Nous nous déplacerons sur place en taxis, trains ou bus. Rien de tel pour voyager au milieu des locaux. L’état du réseau routier est exécrable excepté pour l’axe reliant Yangon à Mandalay en passant par Naypyidaw, la nouvelle capitale. De Bagan à Manadalay, il faut par exemple compter 7h dans des chemins vicinaux, traversées de rivières, sur un siège en bois avec un espace entre les sièges taillé pour le format asiatique. Mais après tout, on ne s’attendait pas à découvrir un bitume et des bus de première qualité.

Le logement est aussi un problème. Tout est contrôlé par le gouvernement et certaines villes ne peuvent même pas offrir de solution d’hébergement, ou parfois à des prix ahurissants. Il faut dans tous les cas se battre pour un rapport qualité/prix décent. Quant à dormir chez l’habitant c’est tout simplement interdit. Il est possible de circuler en vélo, mais de fins espions vous suivront un peu partout avec une discrétion pachydermique. Toutes les zones du pays ne sont pas accessibles. La raison principale érigée par les autorités est « zone de guerre ». Ainsi, si vous arrivez en avion, vous pouvez accéder à l’ensemble du territoire, sauf les zones frontalières. Si vous arrivez par la terre via la Thaïlande (visa de quelques jours seulement), c’est l’inverse. La zone de guerre semble donc se situer tout pile sur cette limite…
La capitale, Naypyidaw, a récemment été déplacée en prévision d’une invasion. Le pouvoir est ainsi situé stratégiquement au centre du pays, au coeur d’une ville sous étroite surveillance et aménagée pour la défense. N’y allez donc que si vous aimez vous cogner au refus de militaires.

Les difficultés soulignées ci-dessus ne doivent surtout pas vous arrêter si vous souhaitez découvrir ce pays. Bien que parfois pénible lorsqu’on est habitué à la simplicité de déplacements en Thaïlande, tout ceci est surmontable et quelques coins de Birmanie sont magnifiques. Bagan est ses 4000 temples valent tout autant le détour qu’une virée à Angkor, et c’est gratuit quand on ne se fait pas attraper par la « garde ». Les férus d’archéologie peuvent aisément passer plusieurs jours à visiter la plaine à vélo (1€ la journée de location). Le lac Inle, attire également de nombreux touristes et le village de Hsipaw plus au nord est le point de départ de nombreuses randonnées réputées.

Et si à votre retour Air Asia égare votre sac, sachez que le code barre attaché à votre bagage ne sert strictement à rien puisqu’ils ne le scannent pas…




Silence radio

Bonne année à tous, il était temps! Désolé à ceux qui nous suivent avec attention, nous avons failli à notre mission pendant ces dernières semaines en ne donnant plus de nouvelles. Les plus attentifs auront tout de même remarqué l’évolution des parcours sur la carte, pas toujours très cohérent pour ceux qui ne le vivent pas, il est vrai.

Les fêtes

Rejoints par des amis pour les fêtes, le point de rendez-vous était donc Bangkok fin décembre puis l’île de Koh Pangan pour la full moon party : d’où la ligne partant au sud sur les îles de Koh Samui et Koh Phangan (pour ceux qui ont zoomé ; les autres, cherchez la fonction zoom).

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Les fêtes, deuxième version

Retour ensuite sur Bangkok début janvier en attendant le départ des deux Français temporairement exilés et nos chemins devront encore se séparer : Alex partant au Nord pour quelques jours au milieu des pachydermes (libre à lui de vous raconter tout ça beaucoup mieux que moi) et Greg à l’est direction le Cambodge. Quasi un mois sans vélo, la route est emmerdante avec deux grands M, j’échoue à Chachoengsao 80 km plus loin. Le soir je reçois un message dAlex m’indiquant son intention de se rendre en Birmanie avec Kristian, un Danois rencontré 2 mois plus tôt au Laos (et qui connaît mieux Goldman que vous). Je comptais m’y rendre après le come-back en Thaïlande mais seul, l’idée d’y aller à trois est donc plus séduisante. Le lendemain, sens inverse, même route, même grands M. Ceci explique le petit bout gris ridicule actuellement à l’est de Bangkok.

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La Birmanie, bien connue pour son accueil réjouissant, ne permet pas de s’y rendre par voie terrestre (ou de manière épisodique, voire pour quelques jours, ou pire selon les humeurs). Il faudra donc prendre un avion depuis Bangkok pour s’y rendre.
Voilà, nous y sommes, la suite fera l’objet d’un autre article. C’était l’occasion de renouer le contact avec vous fidèles lecteurs (ou pas…)

Tchüß!