Échauffement hivernal

Après deux ans à délaisser le vélo pour d’horribles occupations capitalistes, les jambes ont eu le temps de perdre de leur superbe et de leur tonus, que dis-je, de leur superbe tonus. Ce ne sont pas quelques mous 300 km sur la côte Est australienne – plate, sans vent – qui auront remis en route la machine infernale à pédaler. À propos de ce pays, nous avions à la base prévu de pédaler de Brisbane à Sydney, ce qui s’est vite transformé de Brisbane à Brisbane et un vol direct pour la Nouvelle-Zélande. Le cumul de la bêtise locale (qui, contrairement à ce que nous pensions la toute première journée, n’est pas différente de celle de Port Hedland, juste un peu moins concentrée), la chasse aux cyclistes sans casque, un ras le bol généralisé de l’Australie, une rencontre avec un individu bien bête et le fait que nous étions déjà en overstay (visa dépassé)… autant de raisons pour décamper plus rapidement que prévu.

Débarqués à Wellington, Nouvelle Zélande, nous nous réjouissons déjà à la vue du ciel gris et pluvieux, signe que nous sommes maintenant très loin de Port Hedland. Les premiers jours sont difficiles alors que nous entreprenons une petite boucle dans une forêt avoisinante, la température avoisinant zéro et une pluie glaciale nous rappellent que nous n’avons pas de pantalons de pluie et rien pour protéger nos chaussures et nos mains. Un des premiers soirs, nous nous posons en catastrophe dans une aire de camping. Celle-ci est balayée par des vents violents qui nous oblige à lester les tentes avec toutes les pierres du coin. À l’intérieur, je maintiens le « plafond » de la tente les jambes en l’air une partie de la soirée. Une bourrasque a déjà manqué de plier la tente en deux et a tordu un arceau.

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De retour à Wellington, un passage au consulat français pour renouveler nos passeports nous livre un bien bel épisode d’administration française qui donnera lieu à un autre article. Puis nous nous équipons un peu mieux pour braver la pluie et repartons au nord. On longe la côte pendant deux jours, suivant une piste qui s’avère n’être rien du tout et on se retrouve à pousser les vélos dans le sable, traverser des rivières, petites mais glacées et couper à travers champs pour retrouver une route. La suite, goudronnée, est bien plus confortable. Un jour que nous pédalons sous la pluie, munis de sacs poubelle du plus bel effet pour nous protéger pieds et mains, un local nous propose de dormir chez lui, avec sa famille. Nous nous douchons, après plus d’une semaine de lent encrassage, et repartons le lendemain.

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L’ascension vers Auckland est fluide et se fait au rythme des courbatures. Les jours où les jambes tirent trop, nous ralentissons un peu le rythme. Le pays est beau de bout en bout et l’ascension des cols nous offrent quelques défis. Pour se remettre en jambe, c’est l’idéal. Les journées sont simples, ponctuées de repas tout aussi répétitifs, à base de riz, pain et miel (qui est excellent en Nouvelle Zélande). 1 à 2 heures par jour nous apprenons l’espagnol avec nos baladeurs mp3 histoire de ne pas arriver en Amérique du sud sans savoir dire bonjour. Le soir, quelques parties d’échec, une popote de riz, puis, au chaud dans nos sacs nous lisons quelques heures avant de dormir.

la bouffe

échecs

Peu à peu on prend l’habitude de vivre dehors. L’important, c’est de garder les affaires sèches. Tant qu’on retrouve un sac de couchage chaud et des chaussures sèches le lendemain matin, on peut supporter qu’il gèle la nuit et qu’il pleuve la journée. Même si les repas sont parfois un peu compliqués et qu’il faut faire des pauses brèves lorsqu’il fait trop froid (garder le corps chaud).

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Enfin bref, 1350km plus tard on est arrivés à Auckland où nous sommes restés 3 jours au chaud chez Ariel (pour ceux qui connaissent). On a pris notre seconde douche en 3 semaines et on s’apprête à prendre la dernière ce soir, avant que nous repartions en direction du sud demain matin. On pense mettre une dizaine de jours pour retourner à Wellington (par l’ouest et le centre cette fois ci), puis ce sera au tour de l’île du sud dont tout le monde nous vante la beauté et nous clame combien nous allons adorer. On vous dira ça !

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Pour les fans, ça c’est bonus. C’est dans l’aéroport de Wellington.

Golum

Ah oui, et j’ai vu une otarie.

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