L’Ukraine en long

Après Odessa, puisqu’il a bien fallu partir, nous avions deux objectifs en tête : Kiev et Sokyryntsi (où Diana, une amie ukrainienne devrait nous y attendre). Le petit trip Tchernobyl a été abandonné au regard du prix d’américain qu’ils réclament pour leur petit safari soviètique. Bref, un premier jour de vélo assez déprimant suivi d’une première tentative de stop dès le lendemain rapidement concluante : un jeune couple d’ingénieurs ukrainiens fait preuve de beaucoup d’abnégation pour faire rentrer toutes nos arguailles dans leur voiture et nous emmènent jusqu’à Uman’ où leur route bifurque. Enthousiastes après la route de la matinée nous repartons sûrs de nous et sereins dans notre entreprise. Seulement voilà, les dieux avaient déserté la place et les rares tacos qui acceptaient de mater nos mines déconfites nous faisaient l’aumône. Trois heures plus tard, deux emplacements plus loin et sur le point de remonter les bêtes par dépit revoilà nos deux sauveurs de la matinée qui nous reconnaissent. La tâche est un peu plus ardue puisqu’il faudra aussi faire avec un matou et quelques cagettes de fruits ramassés en cours de route. L’arche de Noé complète nous repartons alors pour Kiev avec Alesya et Orkhan en messies. Le luxe ira jusqu’à nous déposer devant une auberge dans Kiev et s’assurer qu’il y ait de la place avant de nous quitter sans nous avoir laissé un numéro de portable à utiliser en cas de problème. Que demandez de plus?

Orkhan&Alesya

Notre petit séjour à Kiev débute alors et nous remarquons dès la première soirée quelques similitudes avec Odessa qu’Alex n’avait pas manqué de grassement relever dans le dernier article. La ville en elle même est assez vivante la nuit, quelques monuments impressionnants sont à voir et soulignent la grandiloquence le grand n’importe quoi de la période communiste. Mais seulement Kiev reste une capitale et comme quiconque (a déjà échangé avec le diable à Paris) le sait, une capitale est parfois hautement merdique pour circuler (surtout quand on casse sa chaîne et qu’on doit se faire remorquer par son frère) et les gens sont souvent plus distants. Ce sont bien là les seuls points noirs que nous pourrons relever sur cette jolie ville qui semble agréable à vivre.

kiev

Mais nous ne nous attarderons pas malgré quelques soirée excitantes en perspectives avec d’autres occupants de l’auberge où nous résidons. J’ai dit à Diana que nous arrivions à Pryluky (une petite ville avant son village) le 7 juillet et nous devons partir à la recherche d’un bus qui aurait un peu de place à partager avec nous. Arrivés à la gare, le tableau est parfait : j’ai perdu le numéro de Diana sur la route, nous ne captons pas internet pour le récupérer, elle n’a pas internet chez elle, aucun bus n’a de place pour nous et nos bagages, elle ne sait pas quand on arrive, et ne m’a pas donné son adresse… Comme situation merdique ça se pose là l’air de rien quand même.
Finalement, je repère un jeune avec un iphone et arrive à lui faire comprendre qu’il faudrait que je me connecte sur son téléphone dans la banlieue de Kiev… en cyrillique. Bon, on y arrive après un bel acharnement du garçon que nous remercions et j’arrive à récupérer le numéro de Diana. Peu de temps avant un bus avec des vraies soutes à bagages comme les vraies est arrivé et semble partir à Pryluky mais impossible de savoir quand… (en fait les bus partent quand ils sont pleins, on ne risquait pas de paner quoi que ce soit). Le chauffeur est très sympa et nous profitons d’une pause clope sur la route pour lui demander d’appeler Diana avec son portable. Ca ne marche pas (tout comme la veille d’ailleurs). Nous finissons le trajet de deux heures jusqu’à Pryluky en pensant qu’on était vraiment en train de s’enfoncer dans le colon du monde pour être poli et sans aucun contact à l’arrivée (à 21h30). Dernier arrêt, terminus, le chauffeur nous demande si on veut réessayer : j’appelle et j’entends Diana « bouge pas on arrive, on arrive ». Cloc. Ben je comprends rien. En fait le chauffeur avait réessayé plusieurs fois de rappelé, a pris de pitié de ses deux étrangers et les Ukrainiens se sont arrangé pour qu’on s’y retrouve.

C’est à partir de là que nous passons dans un autre monde : le chauffeur du lycée dont le père de Diana est directeur a été « réquisitionné » pour venir nous chercher, nous avons le choix entre 4 chambre pour dormir à l’internat, un étage pour nous et dans la cuisine de l’eau fraîche sortie du frigo avant qu’on arrive et des petits gâteaux nous attendent sur la table. On serait presque gênés par tant d’hospitalité.

table

Et les 3 jours qui suivent seront du même acabit. Outre le fait d’avoir une guide parfaitement bilingue en la personne de Diana pour découvrir la région, nous aurons droit aux succulents et copieux repas ukrainiens, aux chauffeurs à volonté et le père de Diana ira même jusqu’à aller chercher les billets de train pour la Russie. Et vous l’imaginez bien, nous ne sommes pas repartis les mains vides, emmenant avec nous confiture de fraise maison, miel, lard, ail. Un festin pour les 4 prochains jours de vélo. Un grand merci donc à tous ceux qui ont donné de leur temps pour nous, l’hospitalité ukrainienne est vraiment à découvrir et le pays mérite qu’on s’y attarde.

Diana&greg

Bon, le merdier, c’est que j’ai oublié mon compteur de vélo dans l’histoire. Oui je perds tout, c’est pas nouveau et pas près de s’arranger.

Diana