Aux portes du Tibet

À Shangri La, il neige. Merde, on avait rien prévu de ce côté là, nous qui devions suivre la chaleur de l’été. On aurait cependant pu s’y attendre en montant début novembre aux portes du Tibet à 3200m d’altitude mais toujours étant que le froid nous a surpris les bourses assez soudainement à la sortie du bus nocturne. Sûrs de pouvoir trouver une auberge rapidement nous refusons les taxis et partons tourner 2-3 bonnes heures dans les rues gelées de la ville ayant emprunté son nom à un roman de science fiction. Les locaux n’ont pas le regard bien amical dans leurs vêtements funky-colored-style et nous nous tournons vers la police pour retrouver les chemins d’un foyer. Nous arrivons finalement dans un hostel au bilan énergétique proche d’un igloo grâce à ses immenses baies vitrées et ses portes déglinguées. De toutes façons, on ne chauffe pas 21h/24 et chaque lit à sa couverture chauffante.
Les petites ruelles de la vieille ville restent assez authentiques malgré la permanente pêche au touriste des nombreuses échoppes et tous les soirs ce beau monde se réunit sur la grande place pour une farandole géante. Aussi bien sur Shakira que sur une musique locale d’ailleurs, l’essentiel étant de bouger pour réchauffer ses petits orteils tout bleu avant d’aller se payer une bonne tranche de yak dans un resto. On pense quand même que les bêtes doivent crier famine dans cette région pour avoir à chercher les morceaux de bidoches à ce point. Mieux vaut presque goûter au thé au beurre de yak pour en découvrir la saveur corsée.
Ce matin, il reneige, à gros flocons en plus. Faut pas pousser mémé dans les orties quand même, on se tire avant d’avoir à chausser les raquettes direction… le Yang-tsé-kiang ! Eh oui, c’est une grande histoire d’amour que voulez-vous. Mais cette fois pas de bateau, c’est randonnée au-dessus des gorges du saut du tigre.
Sur place nous suivons un Chinois rencontré dans le bus (ne jamais suivre un Chinois depuis un bus, ça pue la déroute) qui nous plante devant une espèce de guichet l’où nous réclame 50¥ alors qu’il ne s’acquitte que de 10… Nous refusons, insistons pour passer mais 15 guignols nous barrent désormais la route. Hors de question de payer pour un bidule qu’ils n’ont jamais entretenu, nous empruntons alors un chemin de terre 200m plus loin qui nous fera éviter les guichets après 2-3h de détour. La route que nous arpentons est splendide mais crevante, les dénivelés se succèdent en serpentant au-dessus du précipice qu’a créé le fleuve et nous bouclons notre tour en deux jours après une étape nocturne dans une auberge isolée de la montagne.

Nous rentrons à Kunming, contents de cette dernière boucle pleine de surprises et soulagés se savoir la fin de notre séjour en Chine se rapprocher. De l’avis de tous les voyageurs que nous avons croisé nous pouvons sans trop de risques affirmer que le pays regorge de chefs d’oeuvre et de gens adorables mais 3 mois à communiquer par l’absurde avec la population et à tenter de ne pas se faire pigeonner en payant des activités touristiques hors de prix, c’est un poil trop long pour y revenir avant une bonne paire d’années.

Au rayon des lieux à voir en Chine nous citerons :
-La Muraille, incontournable. Essayez de trouver une portion pas trop bondée. Dormir dessus a été une expérience très sympa aussi.
-Beijing, parce que quand même.
-L’armée en terre cuite de Xian même si Alex n’est pas d’accord.
-Chongqing. Ville hors du temps. Gotham City en Chine.
-La petite croisière sur le Yang-tsé de Chongqing à Lijiang.
-Shanghai, parce que quand même.
-Guilin-Yangshuo et les paysages karstiques.
-La région des rizières en terrasse entre Guilin et Guiyang. On peut payer pour se rendre à Ping’an, Alex estime que ça vaut le coup, je pense que la route après Ping’an longeant le fleuve est tout aussi jolie avec les séries de villages réellement traditionnels, perdus et accessibles par barque. Par contre la route est parfois impraticable et les hôtels de certaines villes ne veulent pas recevoir d’étrangers. Après 100km dans la boue et une arrivée de nuit c’est assez rageant.

Ça, c’est ce que nous avons vu, il est certain que bien d’autres coins méritent le déplacement. Juré, craché (forcément, nous sommes en Chine…).

Ps : les 6000 sont atteints!




Xiang land

Wantianyaozuxiang, Hepingxiang, Pingyangxiang, Doulixiang, Yonglixiang… et quand ce n’est pas xiang, c’est jiang. Sanjiang, Congjiang, Rongjiang…

A défaut d’être un coin plein de xiang et de jiang, c’est aussi une belle région connue pour ses rizières en terrasse et l’éthnie Yao, dont les femmes ne se coupent jamais les cheveux. Ces dernières s’enroulent leur immense chevelure au dessus de la tête dans un bout de tissu et sont très promptes à défaire l’ensemble contre quelques piécettes. « Photo photo » scandent-elles à la vue du touriste. Le cheveux est un business qui leur rapporte sans doute plus que la culture du riz. Je me demande d’ailleurs si certaines ne porteraient pas de perruque, l’achat serait surement vite amorti. Je ne suis pas fan de ce rapport biaisé locaux – touristes et ne sortirait donc pas le sous, tant pis pour la photo. D’un autre côté lorsqu’on fait du tourisme en Chine il faut vite se rendre à l’évidence qu’il ne reste pas grand chose d’authentique. Le Palais d’Été a été reconstruit deux fois ainsi que la plupart des temples avec d’authentiques poutres en béton du siècle dernier. Les restaurateurs d’oeuvre d’art s’arracheraient les cheveux ici, la politique étant « on rase tout et on reconstruit à l’identique ».

 

Si la route que nous avons emprunté serpente au milieu de rizières, il y a toutefois un endroit plus spectaculaire (et onéreux) à noter : Ping’an. Il s’agit d’un village perché en haut d’une montagne, accessible après 6km de douloureuse montée, et se termine par des escaliers escarpés, le paradis du vélo. Les habitants dorment sans doute dans les cultures étant donné que les bâtiments ne sont que hôtels, auberges et restaurants. D’en haut, on surplombe les rizières en terrasse, ces dernières portant tous un nom idyllique (« 9 dragons », etc etc), et des chemins de randonnée permettent de s’y balader ainsi que de rallier les villages voisins. Nous n’avons pas eu de chance, le ciel était gris, le riz coupé et les plateaux n’étaient pas gorgés d’eau. Surement les pires conditions pour apprécier le site, malgré quoi le paysage reste d’une incroyable beauté.

Nous passons la nuit dans une auberge pour redescendre le lendemain. 6 km de descente gravis la veille dans la douleur, redescendus les deux mains crispés sur les freins en quelques minutes !

Aucun risque de se perdre pour les jours suivants, la route suit tout simplement une grosse rivière. On traverse beaucoup de petits villages où parfois un magasin high-tech côtoie des joueurs de mah-jong et une vieille femme en train de promener des chèvres. Les habitants utilisent de longues barques effilées très rudimentaires pour traverser la rivière et commercer avec le village d’en face. Le moteur parait si faible que la barque semble ne pas pouvoir résister au courant. Ce n’est qu’après un long virage et quelques dizaines de mètres de perdus que l’embarcation atteint finalement sa destination.

La météo se dégrade en même temps que l’état des routes. Nous nous retrouvons au bout de quelques jours sur des sections boueuses et caillouteuses. La dernière journée en direction de Rongjiang est un cauchemar. La carte routière est encore fausse (découvrir qu’il va falloir faire 20km de plus sur ce qui était prévu et finir de nuit est toujours un grand moment de bonheur) et la route est plus défoncée que jamais, pleine de flaques boueuses. Nous arrivons finalement à Rongjiang de nuit, nous nous lavons sommairement avec le reste de notre eau afin de ne pas effrayer les hôtels et partons à la recherche de deux bons lits. Le premier hôtel « meyo » (non). Second idem, troisième pareil… dixième, la même ! On enchaîne tous les hôtels d’une rue pour entendre invariablement la même réponse. Greg explique la situation à un flic. Ce dernier monte dans une camionette avec deux filles (civiles, on a pas compris) et nous demande de le suivre. Il nous fait pédaler jusqu’à des hôtels que nous avons déjà testé et négocie à son tour sans plus de succès. En effet en Chine une loi remarquable précise qu’un hôtel a besoin d’une autorisation pour héberger des étrangers.

Enfin bref, on aura quand même dormi dans une piaule ce soir là et nous nous sommes vite barrés en bus le lendemain matin !




Dépenses et chinoiseries

65 jours, 2000km en vélo, 3000 en train, 800 en bateau, sans pour autant devenir bridés, nous voici assez connaisseurs de la vie en Chine pour vous écrire un petit topo. Bouffe, plumard, carriole, vendeurs d’air et wagons bondés, nous passons en revue les prix au pays du grand timonier.

moi pluie

Pour le taux entre le ¥ et l’€, c’est autour de 8,8. En piètres gestionnaires, on a tendance à diviser par 10 pour nos calculs.

Principal objet de mes préoccupations depuis de nombreuses années, la graille reprend ses aises depuis la Mongolie et la fin de notre cure « riz blanc et niaiseries infâmes » qui nous fut imposée par le choix et les indécences tarifaires rencontrés. Et quand je parle d’aises, c’est non seulement parce la viande reprend un peu le dessus sur les sauces Tricatel mais aussi parce que le réchaud est bien calé au fond du sac, entre les chaussettes humides et le matelas, pendant que nous commandons nos plats au taulier. Bref, on a le droit, et pour pas cher à mon avis ! dirait Pignon.

Au Nord de la Chine, un repas coûte environ 2-3 €/pers., sachant que des boules de  »pain » blanc fade remplacent dans certains cas le riz. Au Sud, l’approvisionnement en riz est forcément plus conséquent puisque vous vivez dans les rizières et le repas est souvent à moins de 2€ (notre record a du se situer sous les 1€ par personne) mais n’y voyez pas là une relation de cause à effet. Il est d’autre part bien entendu que ces prix se pratiquent dans les établissements aux tables qui collent, entre deux chaises moisies et une nuée de crasse sur le ventilateur tournoyant au-dessus de nos caboches. Le type de boutiques qui se repère assez facilement par son mobilier orange, les vapeurs qui s’en échappent et surtout, la couleur des murs. Évidemment, c’est pittoresque, amusant, mais un retour aux valeurs occidentales s’impose parfois et c’est là que les menus Big Mac ou KFC aux envions de 3-4 € font leur come-back parmi nos sucs gastriques en manque de glutamate. Notons que le prix d’un repas traditionnel à Shanghai, ville plus occidentale et donc plus chère, est souvent plus couteux qu’un de ces menus tout prêt.
À un autre niveau, vous pouvez toujours trouver dans les grosses agglomérations, ces enseignes un poil plus chic pour manger chinois mais pour notre part, cela ne nous apporte franchement rien de plus (si ce n’est moins niveau grisbi). Là vous trouverez des repas à tous budgets, de 5-6€ à très cher. Cependant, si vous vagabondez un peu dans les campagnes, mieux vaut vous faire l’estomac rapidement aux bouis-bouis crasseux.

resto

Oui, c'est bien une patte de poulet...

Quelques petites anecdotes rencontrées régulièrement au resto : le serveur se pointe, vous donne la carte et reste planté devant votre table crayon à la main, le regard scotché aux nôtres, guettant une réponse spontanée de notre part sans qu’on ait eu le temps de parcourir le choix proposé (oui, rarement, on a droit à des photos sur les menus). Autant vous dire que c’est une galère sans nom pour lui faire comprendre qu’il faut nous laisser 30 secondes de réflexion… Mais ce n’est rien comparée à celle qui nous attend. Car le clampin note (ou pas d’ailleurs) la commande, revient nous demander deux fois ce qu’on a pris, un autre vient pour confirmer, c’est le boxon, on redemande le riz oublié, y a pas le bon nombre de plats, une pagaille pas possible pour un truc tout con. Enfin, ça reste marrant.

Beaucoup de vendeurs de rues, font frire des petites brochettes qui valent entre 1 et 2¥ chacune. C’est très bon mais ça ne nourrit pas beaucoup. Toujours demander combien avant, l’oubli double ou triple le prix rapidement. Et ne pas hésiter à partir quand on sent que le vendeur nous prend pour une prune en préparant la boisson ou la brochette sans annoncer son prix et nous la tend sous le pif. C’est pas tant pour le prix que pour le principe.

Dans le même genre que l’alimentation, nos tentes sont bien rangées dans leur étui depuis Datong et la découverte, non seulement des auberges de jeunesse à pas cher (mon fils rajouteront certains), mais des hôtels, chambre double, clim, TV, internet et SDB privée pour le même prix… Avec l’habitude on voit assez rapidement à la devanture et l’aménagement intérieur quelle sera la fourchette de prix pratiquée quoiqu’on puisse parfois tomber sur des surprises. Les hôtels que nous choisissons oscillent entre 70 (record à ce jour) à 150¥ pour la chambre double mais les commodités évoquées ci-dessus varient aussi, pas toujours dans le sens qu’on pense. Question tarot, il ne faut pas hésiter à demander les prix même quand il est affiché 900¥ pour la chambre, c’est juste… du n’importe quoi en barres chocolatées. Le vrai prix peut très bien tourné à 80¥…

hotel wannian

Ça, c'est 100¥, notre record en terme de place

On rencontre aussi dans certaines villes (Pingxian par exemple, pas touristique pour un sou) deux colonnes à la réception. La première affiche les prix ordinaires, la seconde le discount du jour avec une division par 6 à 10, assez drôle. À Pingxian justement, voyant les prix ridicules pratiqués, nous choisissons d’abord la suite royale à 180¥, déjà pleine, pour nous retrancher sur la Double Deluxe Room Superior (ça en jette hein?) à 150¥. Ah effectivement c’est spacieux. Surtout pour les nombreux cafards d’un pouce.
Pour réserver la chambre, ils demandent régulièrement nos passeports, scannent les visas et, sans doute, nous enregistrent auprès des autorités. Sauf quand ils ne savent pas faire faute de recevoir des touristes habituellement. Ce qui fait que nous voyageons depuis notre première semaine avec le risque de prendre une prune à 500¥ chacun pour faute d’enregistrement sous 10 jours…
Ça a bien sûr été pris en compte dans notre réflexion au moment d’annuler la petite boucle Corée-Japon où nous aurions été obligés de payer pour obtenir la double entrée.

Dans les chambres, nous avons droit une fois sur deux aux fameux chiottes à la turc. Vous aimez ça vous ces machins inconfortables, le bronze aux chevilles? Non hein? Nous non plus, pas grand monde d’ailleurs, à se demander s’il ne faudrait pas intenter une action en justice contre les Turcs à ce niveau là. Mais les Chinetoques, eux c’est différent, parce que les toilettes comme on aime, ils savent pas s’en servir. Ils montent dessus et font… enfin vous aurez compris. La preuve en image :

WC chongqing

Le train, de Pékin à Shanghai (avec une parenthèse sur l’eau) puisqu’il fallait bien avancer, nous aura appris que la réservation d’un billet de train et le voyage, n’a rien d’une sinécure.

Ça non plus, ce n'était pas une sinécure...

Ça non plus, ce n'était pas une sinécure...

L’arrivée à la gare vous donne en principe un bon aperçu des obstacles à surmonter : 20 files d’attentes longue comme la gare et les locaux qui tentent par tous les moyens de filer en douce directement vers la guichetière pour obtenir le sésame. Autant dire que devant le guichet mieux vaut avoir toutes les infos à fournir pour ne pas partir bredouille, ou avec le mauvais ticket. Avec l’habitude, on finit par préparer un petit papier avec le nom des gares et l’heure de départ et d’arrivée plus le numéro du train et surtout quelle catégorie vous souhaitez. Tout ça en sinogramme, évidemment. Bon malgré ces efforts, il arrive encore que le préposé se vautre et nous n’arrivons de toutes façons jamais à obtenir mieux qu’un siège inconfortable pour dormir. Un Allemand nous a dit avoir obtenu une couchette après avoir essuyé un premier refus à un autre guichet…
Dans tous les cas, bien vérifier son billet, logique vous me direz et voici à quoi ça ressemble :

billet train

Train K1002, de X’ian à Chongqing, wagon 4, place 87.

Au passage, sans billet, vous ne pouvez pas entrer dans la gare (les guichets d’achats sont séparés). Et vous passerez au moins par 4 check-points (entrée de la gare, sortie de la salle d’attente, entrée dans le train, à bord du train)+un passage des bagages au scanner. Impossible de frauder. À bord, vous aurez aussi l’occasion d’acheter des ceintures ou brosses à dents vendues par le personnel tels de vrais commerciaux à la com’. J’ai proposé 200¥ pour sa chemise mais il a pas voulu… La classe une chemise de contrôleur chinois!

Niveau prix, voilà ce que nous avons obtenu pour les différents trajets :
Datong – Pékin (hard seat, donc debout) : 54¥ pour 300km – 0,18¥/km
Pékin – X’ian (soft seat) : 158¥ pour 1000km – 0,158¥/km
X’ian – Chongqing (soft seat) : 103¥ pour 600km 0,177¥/km
Wuhan – Shanghai (soft seat et train classe et spacieux grande vitesse) : 265¥ pour 700km – 0,38¥/km (en gros le prix du TGV en preums, pour un ticket pris à la dernière minute)

Le bateau, nous l’avons déjà évoqué dans cet article, mais pour rappel :
600km pour 450¥. Mais là c’est couchette, en cabine de 8 personnes.

Autre moyen de transport : les taxis. En général, les 3 premiers km coûtent 8¥ et c’est environ 1,5¥ le km supplémentaire. Les prix augmentent de 50% la nuit et varient un peu entre les villes (plus cher à Shanghai, as usual). Ne pas oublier d’indiquer au chauffeur de mettre le compteur en route. Ils oublient parfois, volontairement ou non… on ne sait pas , mais dans le doute, mieux vaut s’entendre tout de suite que de l’entendre annoncer son prix à l’arrivée.
Les pousse-pousse(?) (à pédales ou à moteur), les prix se négocient au départ en l’absence de compteur. On ne les a pas souvent utilisés mais leurs prix se divisent facilement par deux.

À l’heure où j’écris ces lignes, la France vient de perdre brillamment la finale de la coupe du monde et c’est l’anniversaire d’un de nos cousins bredins, alors 生日快乐

Ciao!

ciao




Les tubercules de Yangshuo

Il nous reste un mois à passer en Chine, le dernier tiers. Après notre petit périple à vélo jusqu’à Zhuzhou il était évident que nous devions prendre le train de nouveau si nous voulions avoir le temps de faire ce que nous avions prévu. On a également légèrement modifié notre itinéraire. Nous voulions passer par Baise, une ville chinoise, et en profiter pour faire un nouveau reportage à la con autour de ce nom sulfureux. Il n’en sera point, tant pis.

Les vélos ont donc retrouvé leur sac une fois de plus pour un voyage en train jusqu’à Guilin, ville proche de Yangshuo, notre destination, où Google nous a promis de bien beaux paysages. Ce malicieux moteur de recherche n’a pas menti, ça envoie du gros steack par ici.

Yangshuo, Chine

Yangshuo est bien connue pour ses montagnes karstiques au milieu desquelles serpentent la rivière Li. C’est en gros une grande plaine parsemée de rizières sur laquelle sont plantés de gros tubercules montagneux blindés de bambous. Double avantage pour nous cyclistes : on en prend plein les mirettes et surtout c’est globalement assez plat ! Inutile de préciser que profiter de paysages vallonnés sans se déglinguer les cuisses est un luxe non négligeable. Accessoirement les véhicules klaxonnent beaucoup moins que d’habitude dans cette région et c’est un immense soulagement.

Yangshuo

Nous partons donc à l’aube midi, comme d’habitude, en direction d’un village de pêcheurs nommé Liu Gong. On cherche les pêcheurs… Niet. En revanche les bateaux de touristes ne manquent pas. Le prix doublé du Coca nous rappelle que ce foutu village doit être dans tous les LonelyPlanet et Routard. En revanche ce coquinou de Google ne nous a pas signalé que la partie la plus intéressante se trouve Après Liu Gong, ce qui tombe plutôt bien étant donné que nous nous dirigeons dans un bled plus lointain pour le lendemain. Nous continuons notre petit périple parmi les rizières où les locaux nous seront d’une grande aide pour nous indiquer quel chemin de terre emprunter. Il est 17h, le soleil commence à descendre à l’horizon, jouant avec les montagnes en projetant de belles ombres sur la plaine. Les couleurs se réchauffent et l’appareil photo aussi. Chaque vue vaut sa carte postale ou un mois du calendrier PTT si vous préférez. Cette région fait partie du top 3 de ce que nous avons vu jusqu’à présent, aux côtés des paysages mongoles et de la muraille de Chine.

Yangshuo, Chine

On fini par trouver un pont pour regagner la route principale, blancs de poussière soulevée par les camions et nous pédalons jusqu’à Gongcheng où nous passons la nuit. 70 rmb la chambre double, notre record.

Environs de LiuGong et Yangshuo

De là nous n’avons plus qu’une dizaine de kilomètres pour atteindre Ping’an et voir les fameuses rizières en terrasse (également dans le calendrier PTT). Malgré que ce soit apparemment un site connu, nul panneau n’indique la direction, nous obligeant à harceler un chinois tous les 200m. Nous restons bredouilles après 2 heures à tourner dans et autour du fameux village. Aucune rizière, seulement des arbres fruitiers. Un dessin improvisé de rizières en terrasse ne nous aidera pas plus à nous faire comprendre des locaux. Ces sacrés farceurs le tournent dans tous les sens et vont même jusqu’à explorer les autres pages du Moleskine, façon de dire « c’est quoi c’dessin à la con ? ». Greg tente un « Mifaa mifaa » (riz, riz), une vieille l’invite à prendre le thé. Échec.

Ping'anxiang

Le fin mot de l’histoire c’est qu’on s’est planté de Ping’an.




J’ai envie de dire Youpi

Hier soir nous fêtions deux choses : 5000 km parcourus à vélo et nos premiers 1000 km (toujours à vélo) d’affilée, c’est à dire sans interruption de train, stop ou poney. Certes ça ne représente qu’un huitième de tour du monde, mais on a pas acheté des vélos pliants pour des prunes ! C’est l’heure d’un petit bilan .

5000 km

Après avoir passé plus de 260 heures sur une selle on se doute que certaines choses ont changé depuis notre magnifique départ de France (4 heures de sommeil, 110 km à faire), non entraînés et à vrai dire, pas cyclistes pour deux ronds. La principale est de toute évidence le Bronzage du Cycliste avec cette belle démarcation rose / marron bien nette de la cuisse due aux actions cumulées du soleil et du short. Vous pouvez l’admirer dans cette vidéo. Il faut être gentil et tout regarder. On aime, on aime pas, on a pas le choix. La seconde est la cuisse en elle même. Heu ouais, ça muscle grave de pédaler 5 heures par jour.

Greg

Passons donc sur nos nouveaux corps d’esthètes que l’on affectionne avec amour. Notre quotidien aussi a changé. Jusqu’en Chine nous avions pour habitude de camper régulièrement (à part dans les villes), manger du riz blanc cuit à la popote midi et soir, nous laver dans des rivières ou pas du tout et changer de chaussettes une fois par semaine. Fini la misère ! La Chine et sa vie cheap nous font aujourd’hui préférer les hôtels à 100rmb où on lave régulièrement nos nippes au savon et les restos à 2 euros. Histoire de ne pas être traumatisés par tant de changement, on continue à manger du riz blanc au resto et Greg dort sur le paillasson.

Tant de temps sur un vélo c’est aussi l’occasion de maudire les fabricants de selles de vélo. Pour une invention qui a 300 ans, peut être même plus, la selle est sans doute le seul élément qui n’a jamais été amélioré. On était pourtant confiants et prévoyants avec des tiges de selle articulées (un ressort) et des selles « Ergogel ». Greg a même une surcouche gélatineuse par dessus. Malgré ça on redoute tous les jours la quatrième heure de pédalage où la selle n’est plus qu’une planche cloutée qui nous oblige à nous mettre debout sur les pédales dans les descentes… La misère du cycliste c’est pas les côtes ni la pluie ou le vent, c’est bien le cul talé !

Enfin c’est quand même fun le vélo, les cheveux aux vents (le vrai et celui des camions en contre-sens), les klaxons chinois (des camions toujours) et leur conduite « approximative ».

Il y a aussi des choses qui ne changent pas, comme LE NOMBRE DE VISITEURS SUR CE SITE ! Alors on se magne à partager tout ça et en selle !

Buffles




Entre Gabin, Bebel et Audiard

Le Yang-tsé-Kiang, vous en avez entendu parler du Yang-tsé-Kiang ? Cela tient de la place dans une chambre, moi je vous le dis !
Matelot, veuillez armer la jonque, on appareille dans 5 minutes.
Attention aux roches, et surtout, attention aux mirages ! Le Yang-tsé-Kiang n’est pas un fleuve, c’est une avenue. Une avenue de 5000 km qui dégringole du Tibet pour finir dans la mer Jaune, avec des jonques et puis des sampans de chaque côté. Puis au milieu, il y a des… des tourbillons d’îles flottantes avec des orchidées hautes comme des arbres. Le Yang-tsé-Kiang, camarade, c’est des millions de mètres cubes d’or et de fleurs qui descendent vers Nankin, puis avec tout le long des villes ponton où on peut tout acheter, l’alcool de riz, les religions…et pis les garces et l’opium… J’peux vous affirmer, tenancière, que le fusiller marin a été longtemps l’élément décoratif des maisons de thé.

Certains auront reconnu le brio d’Audiard couplé au talent de Gabin dans le film « Un singe en hiver » que nous sommes bien obligés de citer en pareille occasion. Les mauvais élèves qui ne l’ont pas vu auront au moins « tutoyer les anges » un moment et pour ceux qui ne suivent décidément rien à l’affaire, nous avons vu et rebu à de nombreuses reprises ce chef d’oeuvre qui nous a bien sûr grandement inspiré pour le titre de notre site.

Et comme le droit de navigation sur le Yang Tse Kiang nous est formellement reconnu par la convention du 3 août 1885, pourquoi ne pas en profiter?
Quatre jours et trois nuits à bord d’un bateau de croisière n’offrant certes pas toutes les conditions d’authenticité de la jonque mais qui nous fera découvrir les merveilles du 3ème plus grand fleuve au monde.
L’excursion est parsemée d’étapes où le bateau fait halte pour atteindre les quelques attractions touristiques à des prix clairement exorbitants pour la Chine, disons le clairement. Ne souhaitant que profiter des paysages et du calme de la navigation, nous ne prendrons aucune option supplémentaire aux 450 yuans du voyage.

Le départ de Chongqing se fait de nuit et offre encore une autre perspective étonnante de la ville qui pour l’occasion (ou par hasard mais nous préférons la première hypothèse) inaugurera de nouvelles tentures lumineuses sur les quais. Le flot continue de péniches encombre les eaux troubles et chargées en alluvions et l’affluence ne diminuera presque pas durant le voyage.
Si nous ne couvions que peu d’espoirs de retrouver l’authenticité du récit d’Albert Quentin (Ah tiens, Albert, comme le singe en présentation du site! On en apprend des choses aujourd’hui…), la construction du barrage des trois gorges en aval les aura broyés parmi ses 32 turbines de 3300 tonnes chacune. L’édification de ce barrage aux dimensions chinoises qui n’étonnera plus le lecteur attentif de ce site (Terra cota army, grande muraille, toussa…) a fait monter les eaux d’une dizaine de mètres et a sans doute englouti tout ce qui pouvait encore avoir un semblant de lien avec la prose de Gabin.

Reste toutefois des paysages splendides et des passages à naviguer entre deux falaises achevant toute nuisance extérieure (oui, les chinois sont très bruyants). Et le lent ballotement sur le fleuve pour qui n’a pas l’habitude et l’apprécie est source d’un grand apaisement au quotidien, notamment lorsqu’on sort d’une ville aussi dense.

À vos claviers! Et n’oubliez pas de regarder le film!




Chongquoi?

En Chine nous avons donc Pékin, Shanghai, Hong Kong, …. Macao pour les plus érudits, … Shenzhou pour les historiens, X’ian et Datong pour ceux qui suivent encore, ……et? Plus rien? Pourtant Chongqing, qui pour un Européen a plus le nom d’un petit village de pêcheurs perdu, compte une agglomération de 33 millions d’habitants. Si vous vous posiez la question, c’est bien la plus grande agglomération sur terre mais elle reste étrangement inconnue au bataillon par chez nous. Il faut dire qu’en Chine, les villes que nous traversons descendent rarement en-dessous du petit million de pékins. Difficile de tout retenir…

Pour se plonger un peu dans l’atmosphère de Chongqing, imaginez un ciel blanc perpétuel et un voile de brume épaisse plongeant régulièrement sur les rives du Yangtze et du Jialing pour finalement attribuer à la ville le surnom peu glorieux de capitale du brouillard.
La petite communauté d’expatriés présente sur place aime à qualifier la ville de far west chinois, de part sa position géographie bien entendu et grâce aux nombreuses possibilités restantes à exploiter où l’empreinte occidentale reste assez mesurée, eu égard à sa population.

Le soir, buildings, bateaux et ponts sortent leurs plus beaux atours pour illuminer, lasers, écrans géants et spots à l’appui, les eaux et rues bondées où convergent les noctambules.

Coté gastronomie, la ville a la particularité de pouvoir fournir l’alimentation la plus épicée du pays et nos papilles, bien que de plus en plus entrainées au feu du piment, en ont parfois fait les frais.




C’est la X’ian Lee

Tchou, tchou! Oui toujours pas de vélo, nous prendrons un train de nuit en « soft seat » pour rallier les 1200kms depuis Pékin. Par « soft seat », comprenez que nous avons un siège garanti même si le train est surchargé, contrairement aux « hard seat ». Il existe également des hard et soft sleeper, que nous n’arrivons jamais à acheter…
Bref, 13h de train sur un fauteuil mal étudié, parmi des chinois qui braillent et crachent par terre (dans le train oui oui, qu’est-ce que vous croyez?!) et au son du personnel qui essayent de vendre des ceintures (j’ai proposé 100yuan pour sa chemise mais il n’a finalement pas osé…) et des boissons, c’est assez éprouvant mais une belle expérience pour qui veut voyager « à la chinoise ».

Partons donc pour X’ian (capitale sous plusieurs dynasties) dont la ville ne vous émerveillera pas outre mesure mais qui comporte quelques pépites à découvrir telle sa Muslim street où les vendeurs des petites rues très animées proposent brochettes, desserts savoureux, mini kebabs, et un maximum d’épices que l’on déguste en traversant la petite rue aux allures de souk d’Afrique du nord. Rien de bien authentique dans les étales de souvenirs mais les vendeurs ne sont pas agressifs et la flânerie en est d’autant plus agréable. Nous apprendrons plus tard qu’il est interdit de boire une bière dans ces rues et nous n’avons heureusement pas succombé aux sirènes ce soir là.

L’autre intérêt majeur de faire étape à X’ian est qu’elle est le point de départ pour rendre visite à une nouvelle construction d’empereur givré : la Terra Cotta Army. « L’armée en terre cuite » pour ceux qui n’auraient pas leur bac+5 latin & grec ancien.
Cette armée est un ensemble de 8000 soldats en terre ou argile cuite trouvés dans des fosses autour du tombeau de l’empereur Qin (IIIè siècle avant JC).Pour se rendre sur place, prenez le bus qui part de la gare et qui vous emmène sur place (terminus) pour 7 yuans et environ une heure de trajet.

Dans les salles d’exposition, ne vous attendez pas à voir les 8000 soldats que comprend le mausolée et vous promener entre eux. D’une part parce qu’il faut s’appeler Clinton ou Chichi pour avoir accès à la fosse et d’autre part car seuls 2000 soldats ont été découverts aujourd’hui. Mais le nombre que l’on peut observer est déjà impressionnant et le sens du détail avec lequel ont été fait ces soldats est proprement hallucinant. Les visages sont quasiment tous différents, les armures et les semelles dessinées avec précision et toutes les statues étaient peintes à l’origine. On y trouve également des chevaux, des hommes de lettres, etc. On imagine mal le travail titanesque que peut représenter un tel projet, un peu à l’image de la grande muraille, dans une moindre mesure évidemment.

Pour la petite histoire, on se s’étonnera pas que l’empereur à l’origine de cette réalisation cliniquement malsaine est aussi le « père » de la muraille de Chine…




Une nuit sur la grande muraille

Aller jusqu’en Chine en vélo (tutututu, pas de commentaires désobligeants s’il vous plait) et ne pas s’attarder un poil sur la grande muraille serait au mieux un oubli, au pire un errement philosophique majeur puisque chacun sait depuis 2007 que celui qui grimpouille le tas de pierres acquiert la bravitude. Enfin, passées les quelques secondes de néant intellectuel que vous venez de traverser sans turbulences, un peu de culture wikipedia nous fera le plus grand bien :

La grande muraille ou 長城 pour les intimes mesure 6 à 7 mètres de haut, 4 à 5 de large sur 6300 ridicules kms + 360 kms de tranchées bonus et 2200 kms de barrières naturelles (pfffu, trop facile…) Construite entre le IIIè siècle avant JC et le XVIIè siècle afin d’empêcher les invasions mongoles qu’elle n’arrêtera jamais, la muraille est aussi qualifiée de plus grand cimetière du monde avec une moyenne honorable de 1500 morts au kilomètre. Je vous laisse à vos calculettes. D’autre part, contrairement à la rumeur, elle ne se voit pas depuis l’espace car sa largeur n’excède pas celle d’une autoroute.

Certains tronçons à visiter sont littéralement bondés de touristes et nous souhaitions avoir une expérience différente de l’édifice. Après quelques recherches sur internet, nous trouvions sur ce site et ce forum l’idée d’un petit trekk sur les parties non ouvertes au public. Hop, un bus et un taxi vilement négocié plus tard, nous voici arrivés à Xishui où nous devons maintenant trouver l’accès à la muraille abandonnée au milieu de la forêt. Nous naviguerons quelques temps dans les sentiers sans succès et finirons par couper court dans la vallée en direction de l’objectif. Une petite demi-heure plus tard, nous atteignons un mur visiblement rénové que nous n’avons aucun mal à surmonter pour enfin, jouer à qui descend finit par grimper. Car se promener là-dessus n’a pas vraiment l’effet reposant d’une ballade en Dombes et nous tombons rapidement nez à nez avec des escaliers aux allures de murs d’escalade. Fi! On attaque les tronçons sans peur et sans reproche, les mollets aiguisés, les aisselles suantes. Nous sommes rapidement épuisés mais diantrement heureux de notre isolement et des paysages qui commencent à se dessiner devant nous.

L’affaire se corse quand le mur s’arrête brutalement. Nous n’avons d’autre choix que de contourner l’obstacle et de descendre dans le lit de la rivière en contrebas. Seulement il faut maintenant remonter la bête et le mur à 90 degrés qui se dresse devant nous ne s’annonce pas des plus sympathiques. Nous sortons la corde achetée pour palier à ce genre de problème vertical et nous désaltérons avec quelques gorgées de la rivière qui nous semble claire et buvable à raison d’être potable. Premiers pas : Alex monte en premier pour hisser les sacs derrière, les pierres glissent, je manque d’en prendre une en plein mouille, la corde est trop courte (5m)… Economies de bout de ficelle (ou plutôt de corde) qui nous vaudront d’escalader les sacs sur le dos, les doigts agrippés à la moindre faille pour ne pas se vautrer bêtement et remporter un Darwin Award prématurément.

La suite est plus sauvage. Les parties rénovées cédant la place à la nature, nous sommes transportés en plein épisode d’Allan Quatermain et parvenons mal à différencier si nous marchons encore sur la fortification ou au milieu des bois. Quoiqu’il en soit, nous arrivons à une des nombreuses tours jalonnant le tracé et décidons d’y établir notre « campement ».
Une soirée sereine auprès d’un feu et une nuit au grand air plus loin, nous sommes réveillés dès potron-minet par un groupe de randonneurs chinois.

Nous poursuivons notre petit périple quelques heures en contournant de belles collines scindant littéralement le mur en deux et piquons dans la vallée en direction d’un petit village en espérant trouver de quoi nous rassasier. Après manger, le chemin du retour est marqué par les détours inutiles que les locaux nous font prendre par leur incapacité à nous indiquer une direction correcte et nous choisissons finalement de remonter sur la muraille pour retrouver notre point de départ. Revenus à Xishui, nous battons notre record de 15 secondes d’attente de Slovénie en montant dans une voiture après avoir tendu le pouce deux petites secondes.

Finalement plus courte que nous l’avions prévue, nous sortons très heureux de cette expérience et conseillons à toute personne en bonne condition physique de s’essayer à la promenade illégale sur cette impressionnant édifice.




Le Pékin moyen

L’arrivée de nuit masque encore l’épais brouillard qui envahira les rues de l’aube à la brune. Une chape de pollution que les locaux ne semblent plus remarquer et le soleil disparait chaque jour sans heurts.
Entre les immeubles flambants neufs, d’innombrables travailleurs à l’utilité obscure jonchent le bitume. Souvent munis d’un balais dont l’osier ne permet plus d’atteindre la poussière à chasser, parfois vautrés sur une chaise, assoupis entre deux files de voiture ou affublés de tee-shirts verts, jaunes et rouges indiquant lorsque le feu passe au vert, nos salvateurs cantonniers tuent le temps comme ils peuvent.
Enfin, la Chine semble vouloir faire profiter de la croissance à tous les pauvres erres du pays. L’hérésie économique de l’emploi fictif n’a visiblement pas encore pris le transsibérien.

En ville, la circulation nous rappelle nos plus belles heures roumaines et le joyeux boxon ambulant commence enfin à ressembler à l’Asie que nous cherchons : la jungle, le désordre, les odeurs, les rues débridées, les épices, les crachats de l’autochtone, l’honnêteté de l’Asiatique qui ne pige pas un broc de ce qu’on raconte. Car malgré les quelques petits trucs acquis pour communiquer, rien ne fonctionne. Meme après un « oui » franc et tranché, soyez sûrs qu’on ne vous a pas indiqué la bonne direction ou qu’on ne vous amènera pas le nombre de plat souhaité. On a appris à compter en chinois… c’est tout aussi efficace!

Et puis le bridé est cabochard. Il part bille en tête (oeillères bien collées aux tempes) vers son objectif et aucun raccourci utile ne l’en détournera. La sortie d’un métro se transforme systématiquement en mêlée : les têtus souhaitant monter font face aux autres têtus souhaitant descendre et, foutue réalité physique, on finit par se heurter. La traversée d’une rue est aussi significative : ils commencent par traverser et là, voyant sans doute que « oh! le revêtement a changé de couleur! » daignent jeter un regard aux trois files de voitures leur arrivant dessus en klaxonnant. Connaissant ce trait de caractère, on se plait à imaginer le petit Nico, défenseur de la Fraaôôôônce, faisant la leçon aux autorités à propos du Tibet. La bonne tranche de rigolade qu’ils ont du se payer! nb. je peux me permettre de parler un peu Tibet puisque de toutes façons, notre site est bloqué…

Au programme de nos journées fastidieuses, évoquons le palais d’été (un magnifique parc que notre con de pays a déglingué par deux fois fin XIXème), la visite express de la cité interdite (à voir une fois, plus pour l’aspect culturel que sa splendeur somme toute assez répétitive) et la place Tian’anmen (bis repetita) d’où vous pouvez découvrir le célèbre portrait du type qui se tape un nom de riz thaïlandais, Mao.

À un arrêt de métro de la place, le quartier de Wanfujing offre les mets les plus raffinés que l’on peut goûter : scorpions, larves, hippocampes, étoiles de mer, chauve-souris, serpents, etc. Évidemment c’est absolument dégueulasse et nous nous sommes testés sur les trois premiers susnommés : ça ne contient ni saveur, ni consistance (mmmh la bonne larve!) méritantes d’être découvertes.
En alternative plus soft et beaucoup plus alléchante, vous pourrez toujours vous régaler en dégustant un délicieux canard laqué cuit au feu de bois dans le restaurant Da Dong Roast Duck (classé meilleur restaurant de Pékin sur tripadvisor). Nous avions un peu peur en arrivant vu le standing du restaurant mais le prix de 20euros pour un canard de deux personnes avec desserts offerts… rien à redire. Adresse à recommander.

En ce qui concerne les activités nocturnes, nous ne pouvons vous en parler puisque nous avons préféré nous consacrer à des activités plus pieuses, sapientiales, en adéquation avec nos convictions profondes.

ps : pas de photos dans l’immédiat dans cet article et les suivants. La Chine n’aime pas internet et vice-versa. En attendant, vous pouvez tout de même les voir ici
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